20% de la population africaine est en sous-alimentation. Le dernier rapport de la FAO est alarmant. La faim persiste dans le monde malgré la détermination et les moyens pour atteindre les ODD. En Afrique, la situation risque de s’aggraver.
D’après l’institution onusienne pour l’alimentation, une forte menace plane sur l’agriculture locale. Des invasions de criquets pèlerins sont à craindre les mois à venir sur le continent. Des essaims de ces insectes ont été aperçus dans plusieurs zones quand des larves croissent dans d’autres notamment dans la corne de l’Afrique. Pis, « c’est la saison estivale de reproduction des criquets pèlerins ». Le niveau dévastateur de ces insectes se confirme à l’échelle transcontinentale.
La FAO se montre craintive, car, un tout petit essaim consomme en une seule journée l’équivalent de la quantité de nourriture de 35 000 personnes. Alors que certains groupes atteignent dix millions d’individus. Ainsi, plus de vingt (20) tonnes de cultures peuvent être dévorées en une journée par des groupes en raison d’une consommation par individu de 2g/jour. Outre, les criquets pèlerins sont très mobiles et fertiles. Ils peuvent parcourir plus de 150 kilomètres par jour, à la recherche de nouveaux territoires à conquérir. La femelle, elle, peut pondre jusqu’à 300 œufs. Toutes choses qui favorisent leur propagation et la multiplication des risques.
À partir du Yémen, une population de criquets pourrait envahir la corne de l’Afrique grâce à des conditions climatiques doublement favorables à leur croissance et leur migration.
La dernière grande invasion des criquets pèlerins a duré deux (2) ans (2003-2005). Elle a couté « un demi-milliard de dollars et causé plus de 2,5 milliards de pertes de récoltes » dans 20 pays en Afrique du nord.
Une sérieuse menace qui intervient dans un contexte déjà complexe pour plusieurs pays africains. Par ailleurs, une baisse de la production de maïs aux États Unis augure des corollaires sur plusieurs chaînes de valeurs dont l’élevage. Une longue liste de défis qui grignotent la sécurité alimentaire sur le continent. En plus du changement climatique avec ses saisons sèches dévastatrices pour les cultures au Burkina, les inondations au Mozambique et au Zimbabwe touchés par le cyclone Idaï, augmentent les vulnérabilités des communautés locales. A ces risques environnementaux et sanitaires, s’ajoutent l’insécurité créée par des groupes armés qui entraînent de nombreux déplacés et réfugiés abandonnant leurs ressources d’autonomie. Plusieurs insectes rongent ces économies locales minimalistes et durables.
La chenille légionnaire. Arrivée la première fois en Afrique en 2016, elle ne veut plus quitter le continent. Au Togo par exemple, les chenilles légionnaires ont détruit 160 000 hectares de maïs en un an, 2018-2019. Et, menacent toujours. Ce, quand dans ce pays et États frontaliers, dont le Bénin, plusieurs décès sont comptabilisés par la faute de la malnutrition. Au premier trimestre de l’année 2019, le taux de malades admis pour malnutrition a grimpé six fois, avec 35% de décès à Mono localité voisine au Togo.
Le Mali est secoué à une échelle plus grande.
Depuis l’arrivée de ces chenilles au Sud, elles ont envahi 44 pays africains. En 2018, des pertes situées entre 10 et 45% des récoltes annuelles sont enregistrées chez douze(12) principaux producteurs de maïs en Afrique. Soit, jusqu’à 18 millions de tonnes, estime le Centre international pour l’agriculture et les biosciences (CABI). Si les chenilles légionnaires se concentrent essentiellement sur le maïs, elles n’épargnent pas les autres cultures comme le riz, le sorgho, les fruits et légumes. Des produits qui constituent l’alimentation de base pour les enfants.
La FAO préconise une riposte imminente pour contrer la reproduction et la propagation des menaces d’insectes. La lutte contre cette foultitude de destructeurs revêt un impact économique et environnemental colossal toutefois. Pas moins de 13 millions de litre de pesticides ont été épandus lors de l’invasion de criquets pèlerins de 2003-2005 en Afrique du nord. Fichtre, autre bémol! Encore que, l’usage des insecticides présente des limites d’efficacité. Les papillons se déplacent la nuit dans le cas des chenilles légionnaires. Il est donc difficile d’anticiper leur destination pour prémunir les champs. Par ailleurs, les chenilles légionnaires développent des résistances à certains insecticides, soulignent des experts.
L’insécurité sanitaire mondiale avec Ebola, l’insécurité alimentaire et physique avec des armées humaines et d’insectes. Des économies nationales fragiles secouées par le moindre danger sans un collège de solidarité durable pour anticiper ou parer. Faute de nourriture des hommes vont perdre la vie ou la fragiliser. Sous d’autre cieux la nourriture sera gaspillée. Des commerces d’armes vont prospérer en alimentant les groupes armées qui contribuent davantage à ces flux de mobilités forcées. Voici la mondialisation de la terreur au quotidien!