Le SARA 2019, Salon international de l’agriculture et des ressources animales d’Abidjan, ouvre ses portes avec un point d’honneur sur l’urgence d’une agriculture intelligente en Côte d’Ivoire et en Afrique singulièrement. Le pays hôte, la Côte d’Ivoire, connaît des mutations environnementales bouleversantes, tout comme la zone sous régionale ouest africaine et le continent. A ce SARA 2019, l’occasion est toute trouvée pour une mobilisation qui enfante des solutions d’urgences pratiques et durables. La santé humaine et écosystémique sont affectées.

La menace environnementale est générale, mais l’Afrique en subit les plus cruels dommages. Ces populations déjà vulnérables et pour la plupart tenues par le secteur primaire affrontent un dilemme : cultiver ou périr. Toutes les forêts classées de la Côte d’Ivoire sont menacées par l’agriculture extensive, l’orpaillage clandestin, le braconnage et tous genres de trafics. D’ici 2030, ce pays devra combler un gap de 12% pour son l’équilibre écologique à minima. De 16 millions d’hectares la forêt a périclité à 3 millions, pourtant les aires protégées constituaient un rempart en cas de découvert.
A partir de la technologie satellitaire starling, il a été observé en 2018, 58% de forêt dans la réserve du Cavally située dans la zone forestière ouest. De façon globale, le pays dans son entièreté s’urbanise sans espaces verts entretenus dans ses cités, et une industrialisation croissante (25% du PIB désormais). En zone rurale les petits producteurs pour survivre défrichent encore plus. « A Scio (88000 hectares), il ne reste plus rien de la forêt, il n’y a que du cacao, ou un peu de café et du caoutchouc. A Goin-Débé (133 170 hectares), c’est la même chose. Il reste peut-être encore 10 mille hectares de forêt. Cavally (64 200 hectares) était mieux protégée, mais récemment il y a eu une large infiltration », rapporte la SODEFOR, Société d’Etat en charge de la gestion des 231 forêts classées de la Côte d’Ivoire.
Aussi, la surveillance des forêts, leur réhabilition et des actions concertées pour la durabilité des ressources naturelles urgent-elles. Dans la boucle cacaoyère au sud-ouest à Méagui, « les valeurs carbones sont très faibles » et la forêt occupe 1% de surface, souligne une autre étude réalisée par Earthworm Foundation en 2018. Ce SARA 2019 se veut un cadre de rencontres pour partager des alternatives qui allient développement économique et préservation de l’environnement. Le thème « Agriculture intelligente et innovations technologiques » signale l’opportunité d’envisager des solutions urgentes.

Un(1) million de petits producteurs, vivent de l’exploitation du cacao en Côte d’Ivoire. Cinq(5) à six(6) millions de personnes, soit le cinquième de la population du pays en tire sa principale source de revenus avec des pratiques culturales de survie, quand leurs revenus n’ont fait que chuter, atteignant pour plus de la moitié le seuil de pauvreté (à peine 1euro par jour). La pression sur les ressources naturelles ivoiriennes est réelle. De la production à la consommation, l’implication de toute la chaîne économique y compris les industriels mérite plus d’engagement et d’actions responsables mutualisées.

« Les espaces verts réduisent le risque de mortalité de 4% par tranche de 0,1 de la note de végétation, à moins de 500 mètres de la résidence » alerte David Rojas, auteur d’une recherche scientifique parue en amont au SARA 2019. L’espérance de vie en Côte d’Ivoire est de 53,58 ans et près d’un tiers (31,7%) de la flore tropicale serait menacée à l’échelle continentale, rajoute l’IRD (Institut de recherches pour le développement).

Ce 23 novembre à son stand au SARA 2019, Earthworm Foundation propose de « former sur les aspect sociaux de la gestion environnementale », avant une suite de conférences à propos de la surveillance satellitaire de la forêt du Cavally, la déforestation, les industriels en Afrique et la durabilité de la filière palmier à huile en Côte d’Ivoire.