Le groupe américain spécialisé dans les croisières est épinglé dans une affaire de pollution de l’air par la justice française. Le tribunal correctionnel de Marseille vient de condamner Carnival à une amende de 100 000 euros. Un verdict qui rentre dans les annales !
L’histoire remonte à mars 2018. L’Azura, un bateau du groupe américain, fait une escale dans le port de Marseille. Là, des agents du Centre de sécurité des navires inspectent le bâtiment. Ils découvrent une cargaison de carburant non-homologué d’une forte teneur en souffre (1,75%), au dessus de la norme environnementale (1,5%).
Traduit devant les tribunaux locaux, le procureur avait requis 100 000 euros d’amende contre Carnival, pour « utilisation, par un navire en mer territoriale, de combustible dont la teneur en soufre est supérieure aux normes autorisées en matière de pollution de l’air ». Fin novembre le juge rendant son verdict, précise que le capitaine du navire et son employeur Carnival devront payer 80 000 euros, soit 80%, de l’amende. Cette condamnation est une première en France.
Une volonté manifeste de faire des économies au détriment des conséquences sanitaires est déplorée.
D’après les enquêteurs, le capitaine du bateau aurait délibéré acheté une cargaison de gasoil de mauvaise qualité en vue d’économiser quelques 211 300 euros. En effet, pour 900 tonnes de fioul achetés quelques jours auparavant en Espagne, le capitaine aurait déboursé 341 100 euros alors qu’il aurait payer 552 400 euros pour un carburant de bonne qualité. Une volonté manifeste de faire des économies au détriment des conséquences environnementales et sanitaires foisonne sur les ports d’Afrique.
Des associations de la société civile dont France nature environnement(FNE), constituée en partie civile dans l’affaire Carnival, se réjouissent de cette condamnation. FNE explique avoir effectué des prélèvements dans l’atmosphère à Marseille. Des observations qui ont permis de constater une présence de particules fines 100 fois supérieure dans le port par rapport au reste de la ville. Un bateau à lui seul serait plus pollueur que mille voiture cumulées. Et, à croire en croire les conclusions des travaux de l’Université de Bostock, la pollution des bateaux causerait près de 60 000 décès et un manque à gagner de plus de 50 milliards d’euros par an seulement en Europe. Un problème d’envergure qu’il faut donc juguler. L’Organisation maritime internationale envisage durcir les mesures à compter de 2020.
La sécurité des espaces maritimes africains est un enjeu de développement durable dont l’amélioration d’un cadre structurel et juridique commun alerte la CEDEAO et la CEEAC.