De vives tensions électorales se propagent en Côte d’Ivoire. A une heure de route d’Abidjan, dans la commune de Bonoua, contiguë à Grand Bassam une ville balnéaire historique, un jeune innocent âgé de 22 ans a été tué. Intimidations, arrestations, psychose, décès suspicieux, rafles de police systématiques, flux financiers illicites, instrumentalisations, etc. Tout à la fois, selon les intérêts personnels, au détriment des socles de la République.
La Côte d’Ivoire est un grenier pour l’Afrique et plusieurs investisseurs venus du monde entier. Cependant, pour bâtir une économie viable, ce pays a besoin d’institution à cette image. L’élection présidentielle qui représente un virage important dans ce sens, devient plutôt une mascarade avec une spirale de violences létales.
Sur l’étendue du territoire national, en Côte d’Ivoire, 44 000 forces de l’ordre sont déployées pour sécuriser une simple élection prévue le 25 octobre 2025, malgré la radiation de plusieurs candidats favoris de la liste électorale. Depuis lors, les conséquences sur l’économie, la cohésion sociale et la confiance aux piliers de la République sont palpables. Cet impressionnant dispositif sensé sécuriser les populations n’a pas su protéger et empêcher l’agression brutale du jeune Allouan Ernest Christophe décédé ce lundi 13 octobre, dans la fleur de l’âge, en pleine rentrée scolaire. « La victime aurait été atteinte à la mâchoire par un projectile tiré par des individus non identifiés circulant à bord d’un véhicule de type 4*4 », selon la Direction Générale de la Police Nationale. Par ailleurs, plusieurs témoignages rapportent une confrontation entre police et manifestants dans le même temps, à Bonoua, où l’incident s’est produit.

Les dirigeants en place optent pour la répression
Depuis quelques temps, des rafles systématiques qui dégradent la dignité humaine et le tissu social sont constatées dans plusieurs communes du pays. Dont, celle de Yopougon réputée pour ses espaces de loisirs, très prisés. A l’entame de la semaine ouvrée, ce dimanche 12 octobre 2025, des cargos de police surchargés de personnes entassées, comme dans ces embarcations d’immigration clandestine et ces navires négriers transportant des captifs noirs lors de l’esclavage, créent la panique sur le boulevard Alassane Ouattara, aux alentours de la pharmacie Siporex et au carrefour Sable. Cette situation affecte directement l’économie réelle et les efforts pour une solide cohésion sociale pérenne.
Or, sans toutes ces fragilisations de l’activité économique et ces humiliations récurrentes, dans cette même commune, des manifestations citoyennes populaires se sont tenues pour réclamer la participation des candidats dénués de leurs droits et radiés de la liste électorale.
Pour preuve, le meeting de la Cap-CI, la célèbre marche du 9 août et la clôture de la tournée Côcôcô du leader politique Gbagbo Laurent, toutes organisées dans la discipline citoyenne et l’excellente coordination des forces de l’ordre. En effet, les arrestations politiques, les violations des libertés fondamentales entrainent l’exposition des forces de l’ordre à l’épuisement ou à la vindicte populaire. « Il faut faciliter et sécuriser les réunions pacifiques, pas les interdire. L’interdiction de la manifestation de l’opposition du 4 oct. en Côte d‘Ivoire pour un risque de trouble à l’ordre public contrevient aux engagements nationaux et internationaux », a prévenu Amnesty International. Seulement, l’entêtement autocratique devient une réponse permanente, sur la terre de l’espérance et du dialogue.



L’arrestation de Zigui ou l’autre violence sur la Génération Z
Dans une Afrique jeune où l’âge médian est de 19 ans, les valeurs politiques et républicaines transmises à la jeunesse constituent un pilier pour la stabilité et le développement durable. L’arrestation de Zuigui, ce jeune citoyen engagé ― dans des conditions si violentes ― favorisent plus la hausse des tensions que la psychose.
En outre, l’opposition ne cesse de compter des arrestations et des intimidations, parmi ses militants et sympathisants. A la suite des manifestations ce 11 octobre 2025, la liste des centaines d’arrestations et incarcérations dénoncées par plusieurs leaders s’allonge. Voici que, 237 personnes sont arrêtées, alors qu’elles ont bravé la pluie pour faire entendre leurs voix et alerter sur les conséquences dramatiques d’une série d’injustices décriées. Ce climat politique, avec toutes ces violations des droits élémentaires, affecte la santé mentale des populations et celle de la Génération Z particulièrement, prompte à revendiquer.
Hormis les jeunes, tous les enfants, quel que soit le bord politique de leurs parents sont exposés aux conséquences de ces violences institutionnalisées depuis le sommet de l’Etat, entretenues par des opérations de désinformation et de mésinformation, sur même des chaines de télé. Pourtant, la viralité de l’information sous toutes ses formes doit guider des décisions éclairées, de sorte à réduire des répercussions générales délétères. Voir cette enfant, dénoncer aux yeux du monde entier l’usage abusif de la force par le personnel administratif de la République, comme cela a été le cas lors de l’arrestation du syndicaliste Ghislain Duggary Assy, produit des séquelles prolongées. Tant d’enfants regardent et emmagasinent ces chocs abusifs. Ce leadership toxique ne profite à personne !
« La meilleure arme c’est s’asseoir et parler »
A l’évidence, la Côte d’Ivoire cumule les symptômes d’une crise d’Etat et d’une tempête sociale. En tout état de cause, la meilleure résolution des crises militaro politiques de 1999, 2002 et 2010, passent par des élections crédibles, auxquelles participent les forces vives de cette Nation, à bâtir, par la cohésion et non la corruption ou la violation des droits humains, ceci dans l’intérêt de tous. « La meilleure arme c’est s’assoir et parler », suggère Nelson Mandela. Se parler franchement, faire son introspection, se pardonner, élaborer des règles sociétales bienveillantes et durables, éviter la prolifération du virus de la haine de génération en génération, c’est possible en politique, dans la pluralité. La Côte d’Ivoire dispose d’une éducation à la paix et de mécanismes solides pour y parvenir.
« Cette élimination de candidats importants à l’élection présidentielle prévue le 25 octobre prochain est injuste et arbitraire. Une telle décision constitue une atteinte grave aux principes démocratiques, au pluralisme politique et au droit légitime du Peuple ivoirien de choisir librement ses dirigeants dans un processus inclusif, transparent et équitable », souligne l’Internationale Socialiste.
Le leader politique Pascal Affi N’Guessan, entre autres, n’a de cesse de s’insurger contre cette prépondérance de la violence au détriment des piliers de République. Après une vague d’infodémie, Pascal Affi N’Guessan confirme une présence de véhicules de police devant sa résidence, sans aucune explication, sauf l’interdiction de tout accès et sortie. Ce leader, qui a occupé le poste de premier ministre a subi des violations de son intégrité physique, avec bien d’autres personnalités pour leur engagement politique. Il dénonce une insécurité devenue générale et institutionnelle. Le Député Assalé Tiémoko et le leader politique Vincent Toh Bi, des voix publiques de l’éthique sociale et de l’Etat de droit dénoncent respectivement, des plaintes sans suite après des menaces de mort, et des intimidations persistantes.
Il y a 22 ans, la Côte d’Ivoire, havre de paix, connaissait les affres de la guerre. Allouan Ernest Christophe décédé ce lundi 13 octobre, dans un climat de tensions sociales et électorales venait au monde. Il n’a pas eu la chance de migrer comme le footballeur Simon Adingra, de sa génération. Sinon, son étoile aurait pu briller. Ces cycles de violences graves, pourtant évitables ― par des processus électoraux justes, la culture du dialogue, la justice sociale et l’Etat de droit ― persistent et préparent la tempête. La douleur du Liberia, pays voisin invite ceux qui gouvernent à la sagesse.