Parmi les types d’activités illicites et nuisibles pratiquées par les populations dans les aires protégées de Côte d’Ivoire, l’agriculture de rente et vivrière figurent en tête. Ensuite, le braconnage et l’orpaillage. Quelle autorité pour réguler lorsqu’un Magistrat de la République est lui-même propriétaire clandestin de plantation dans une forêt classée ?

 

Les facteurs démographiques et les besoins économiques existentiels poussent les populations à cultiver et chasser dans les espaces naturels. Bien que protégés pour le bien de tous. Si en 1960, la Côte d’Ivoire comptait 5 millions d’habitants, dorénavant elle en dénombre au moins 25 millions, soit cinq fois plus.
La qualité de la gouvernance montre par ailleurs de graves insuffisances avec des mafias au sommet de l’État qui profitent des défis liés aux changements pour s’empiffrer. Voici la véritable raison de l’échec de la politique forestière. L’incivisme Étatique.

 

«60 à 80% de la déforestation serait le fait de la cacaoculture » dénonce le DG de la Sodefor, Colonel Mamadou Sangaré. Cette assertion induit une vue simpliste. Quand on sait les conditions de vies des paysans, dont les revenus vacillent au gré des cours internationaux et des décisions gouvernementales, pour demeurer précaires depuis tant d’années.

 

Dans son état des lieux de la forêt classée de Dogodou, située entre Grand Lahou et Fresco, le Conseil national des droits de l’homme relevait la présence « d’une vaste plantation » au profit d’un Magistrat de la République. Des cousins d’Amadé Ourémi ne manquent pas dans les trafics des ressources naturelles. Eux déjà résilients au plan financier. Les rapports pointent de hauts dirigeants dans l’armée maintes fois promus.

 

L’orpaillage clandestin s’est répandu dans les aires protégées et au-delà. Les parrainages dans cette activité réprimée par la loi sautent à l’œil quand un député réclame sa part du gâteau. Sur 429 sites aurifères clandestins, plus de la moitié sont reconquis après le financement de plusieurs opérations de sécurisation. Désormais l’État dit compter sur un autre investissement dans les drônes. Que c’est drôle !

 

La destruction des forêts de Côte d’Ivoire est plus une question de mal gouvernance que de démographie galopante. Les filons de complicité sont ancrés. Un but figé : abusé des deniers publics. Pas étonnant si depuis l’année 1990, autant les batailles pour le pouvoir se sont multipliées, de même la perte vertigineuse des ressources naturelles est amorcée.

 

Sur ses 32 millions d’hectares de superficies, la Côte d’Ivoire avait conservé comme poumon – sous forme de forêts classées et sacrées, de réserves et parcs – au moins 6millions d’hectares. Cependant, la moitié a été dévastée et détournée malgré le battage consécutifs de mesures. Le résultat de ce développement présenté comme durable est là : La santé et l’avenir des populations s’en trouvent naturellement affectés. Les risques de conflits socioéconomiques et la récupération politique perfide sont constants avec cette économie de l’environnement en souffrance.