« Un commerce abominable et impitoyable ». Tels sont les mots du Secrétaire général de l’ONU pour désigner la traite d’êtres humains, persistante sur le globe. À l’occasion de la journée mondiale de lutte contre ce fléau célébrée le 30 juillet, l’Organisation des Nations-Unies déplore une « indifférence quotidienne à l’égard de l’exploitation et des atteintes qui se passent autour de nous ». Outre les pays en guerre, la traite d’êtres humains se déroule à côté de tous sous des formes variées. Des chantiers de construction aux usines en passant par la chaîne production alimentaire et textiles, « plusieurs entreprises tirent profit de la misère », signale l’Organisation avec des données alarmantes en ce 21ème siècle.
Depuis 2003, l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) a compilé des informations sur près de 225 000 victimes. « 72% de ces victimes recensées sont des femmes et des enfants », documente le rapport mondial de l’ONUDC sur la traite d’êtres humains. La proportion d’enfants pris dans les griffes des trafiquants augmente. Entre 2004 et 2016, elle a ainsi doublé. Et, au Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, d’indiquer que « dans la majorité des cas de traite, les victimes sont destinées à l’exploitation sexuelle et au travail forcé ».
« En Afrique, depuis 2016, selon les données de l’Union Africaine, on estime à trois millions d’adultes et un demi-million d’enfants victimes du travail forcé, du trafic des personnes et de l’esclavage moderne », signifie le gouvernement ivoirien dans sa déclaration en prélude à la journée mondiale de lutte contre la traite d’êtres humains. Au sud du Sahara, plus de la moitié des victimes de la traite d’êtres humains sont des enfants, près de 55%. Par ailleurs, plus de 90% des humains en Afrique centrale et occidentale travaillent dans l’informel, souligne l’OIT dans le rapport 2018. Une porte ouverte à l’exploitation. Surtout dans ces pôles d’intenses activités extractives. Avec les filières industrie, transport, agriculture et services en développement.
En Côte d’Ivoire, plaque tournante de la zone, un réseau de passeurs a été interpellé par la douane en début d’année. Quelques 80 enfants ont été interceptés à bord de car venus du Niger. Le trafic d’êtres humains avec des réseaux très actifs de prostitution est très présent dans le Sud-Comoé, à la frontière avec le Ghana.
Sur l’ensemble du territoire et à l’échelle ouest africaine ce trafic alimente l’orpaillage clandestin et l’exploitation illégale des ressources naturelles. Abidjan, se dédouane, car tous les pays sont concernés par le trafic d’êtres humains : « à la fois pays d’origine et destination », justifie le gouvernement.
Pour rappel, 95 millions d’enfants se trouvent sans identité juridique en Afrique de l’ouest, dépourvus d’un simple acte de naissance.