Les filles de Dieudonné ont toutes été excisées avant l’âge de 15 ans. Quatre clitoris tranchés et leurs caleçons du jour confisqués. La douleur incisive de cette mutilation reste gravée. Aujourd’hui cette souffrance se ravive car elles se sentent diminuées depuis qu’elles vivent en milieu urbain à Abidjan.

Comme des crêtes de volailles, leurs clitoris ont été coupés par saccades au fin fond d’une forêt de la localité de Niakara. Garant de la loi de profession, leur père a braqué sans le savoir son arme sur la destinée de ses enfants. La honte que ces jeunes filles portent dans leurs tréfonds depuis qu’elles résident dans la mégapole Abidjan est indescriptible. Elles recherchent ce qui leur a été arrachée… Car, en compagnie des camarades, les discussions sur la sexualité font ressurgir le cauchemar enduré dans cette forêt à huit(8) ans pour l’une des victimes.

C’est en approchant des graines de maïs aux contours du vagin que ces exciseuses ont sorti le métal pour couper les parties génitales de ces petites filles à tour de rôle en plus d’incantations.

Niakara est une localité du département de Katiola dans la partie nord de la Côte d’Ivoire. En juillet 2012, neuf femmes ont été condamnées à Katiola à un an de prison pour l’excision d’une trentaine de fillettes. L’ONU salue la sensibilisation par la sanction de cette pratique dangereuse. Cela permet « de réduire le phénomène de l’excision », réagit son représentant au procès.

Depuis lors l’excision maintient sa résurgence en milieu urbain comme rural dans des proportions respectives de 30 et 40%. Au niveau national, les mutilations génitales rongent plus de 36% de femmes. Certaines ne réalisent l’amputation que longtemps après ; quand elles prennent de l’âge, voyagent ou côtoient d’autres femmes non excisées.

« Tolérance zéro contre cette pratique rétrograde et nuisible », avertit le ministère de la femme, de la famille et de l’enfant.

Le père de cette jeune fille ressortissante d’une autre localité de Côte d’ivoire lui raconte comment elle échappe à la lame d’une exciseuse venue du village. « Il m’a raconté qu’il y a l’une de ses tantes qui est venue à la maison. On partageait le même prénom. Elle disait beaucoup m’aimer. Moi je devais avoir quatre ou cinq ans. Elle voulait partir avec moi pour les vacances. Heureusement que ma maman s’est opposée car après mon père a appris plus tard que c’était une exciseuse. »

Si les régions du Folon et du Kabadougou constituent des zones rouges des MGF (Mutilations génitales féminines) avec plus de 75% de prévalence, l’ouest est aussi fortement touchée. Les jours de marché à Danané, les filles excisées parées de pacotilles et badigeonnées avec de l’huile végétale foisonnent. Selon une étude similaire du gouvernement chez des femmes entre 15-49 ans, l’excision est courante à plus de 60% dans la région des montagnes en Côte d’Ivoire.

En Guinée et au Mali, pays frontaliers avec la Côte d’Ivoire, l’excision sous le couvert de l’islam et de rituels ancestraux affecte dans des proportions plus dramatiques avec des pics à 90% pour les mêmes grappes.