Il est 13h, sous ce soleil de plomb, dans ce 4m² sans fenêtre ni claustra, et la sueur dégouline de ses aisselles blanchâtres. Avec une cigarette comme dessert, « Mineur » revient, avec son groupe, « d’en bas », indique le gérant du cybercafé. Yeux rouges, agressif au verbe comme au physique, « Mineur » s’assoit en face d’un ordinateur. Son voisin suffoque automatiquement, le visage froncé. Il le regarde du coin de l’œil. Ça ne sent pas la rose. Vêtu d’une culotte et d’un débardeur de sport. La drogue est devenue le divertissement favori d’enfants et jeunes.

« En bas », c’est cette échoppe de drogues cachée dans un bas-fond de ce quartier qui jouxte la cité Coprim à Yopougon Niangon. Cette bande de sept (7) jeunes hommes consomment de la drogue à plusieurs reprises dans la journée. Telle une posologie médicamenteuse, « ils en prennent matin, midi et soir », renchérit le tenancier de l’espace. Le plus âgé de la bande n’atteindrait pas 22 ans d’âge. « Mineur quand à lui mérite son pseudonyme. Il n’a que 16 ans. Entre cigarettes et joints de cannabis, il se dit moins en danger que certains qui consomment d’autres drogues dures. Innocent et ignorant, comme ses compagnons, il plane dans une fumée de mensonges. Le cannabis n’est pas une drogue douce pour les adolescents, tranche deux études menées différemment au Canada et en Finlande. Selon les deux équipes de chercheurs, le cannabis entraîne des dégâts irréversibles sur le cerveau des jeunes sujets. La consommation régulière peut faire décliner le quotient intellectuel des usagers adolescents jusqu’à huit (8) points. Mineur, plongé dans le « broutage » est déscolarisé depuis trois (3) ans. « Papier ne rentrait plus », explique-t-il.  Coïncidence ? Ce cyber arnaqueur fume des joints de cannabis depuis quatre (4) ans au moins. Les adolescents qui fument du cannabis au moins dix fois par mois présentent de forts risques de troubles psychotiques, alertent les chercheurs Canadiens. Pourtant, Mineur et son groupe en consomment plus de dix (10) fois par semaine. Couplée de cigarettes, d’alcool. Le tabagisme cause à lui seul 5 000 morts en moyenne chaque année en Côte d’Ivoire. C’est la cause de 90% des cancers du poumons enregistrés dans ce pays.

La forte dose de THC contenue dans le cannabis vendu sur les marchés est la principale causes de l’émiettement du cerveau des adolescents consommateurs réguliers de cannabis. Cette substance psychoactive est également présente dans le cerveau des adolescents, notamment pendant la puberté. Ce cocktail explosif entraîne la schizophrénie dans bien de cas, voire la folie. Et les atteints de troubles mentaux sont bien visibles dans toutes les cités d’Abidjan avec des promotionnaires et familles qui ressassent l’historique.

Les parents de Didier, brillant élève à Guibéroua ne diront pas le contraire. Ce jeune homme, entré dans un cercle de consommateurs de drogue « n’est plus que l’ombre de lui-même. Il a perdu la tête », confie un proche ami. Il ère dans la ville, cheveux touffus à mendier 100 ou 200 F CFA pour « fumer ».

La consommation de drogue prend de l’ampleur au sein de la jeunesse ivoirienne. Dans des conditions qui favorisent la vulnérabilité.

Plus de 12% de la population âgés de 15 à 64 ans consomment des drogues diverses. Et, le cannabis demeure l’une des drogues plus répandues et faciles d’accès. Le record des saisies a été battu cette année. Des centres de suivis sont rares. La Croix bleue à Adjamé Williamsville est sous équipée.