Comme à Abidjan, au Canada aussi on aime le thon. Cependant, le bon (vrai) thon n’est pas celui que dégustent les bouches à cause des fraudes. Sur 472 poissons testés auprès de restaurateurs dans plusieurs villes, pas moins de 47% sont des faux. Étiquetés » thon », ils ne le sont pas en réalité.
Des produits interdits dans d’autres pays atterrissent dans les assiettes des consommateurs sous l’appellation thon, alerte une enquête menée par Oceana Canada.
«Affaire de escolar» ! En Afrique on est pas scolarisé, pour lire sur ces étiquettes de pléthoriques aliments industriels. Ce poisson peut causer des vomissements et des diarrhées. En Chine, l’escolar est interdit. Il est aussi déconseillé à la femme enceinte par Santé Canada.
La raréfaction des différentes espèces de thon et de plusieurs autres produits halieutiques est un problème transcontinental. Entre 1970 et 1993, les stocks de thon rouge, par exemple, ont diminué de plus de 80% dans l’ensemble des eaux de l’Atlantique ouest.
Des pénuries récurrentes de thon touchent des pays exportateurs comme la Côte d’Ivoire. Le Port de sa mégapole économique, Abidjan, se targue d’être le 1er port thonier d’Afrique et 2ème mondial avec 250 mille tonnes de thons traités annuellement. Le pays livre du bon poisson à l’extérieur au détriment d’une sécurité et d’une autosuffisance alimentaires. L’alerte lancée par Oceana Canada démontre une vigilance aux risques de consommation insécures dans les échanges commerciaux.
La Côte d’Ivoire exporte en grande partie son poisson de qualité vers les pays de l’Union Européenne.
Dans ce pays, le thon accompagne l’un des mets les plus prisés, le garba. Une préférence alimentaire qui va au delà des frontières ivoiriennes. L’attiéké est dorénavant exporté vers la sous-région ouest-africaine, et emporté dans les bagages de la diaspora de passage à Abidjan. Reste à savoir l’origine et la nature exactes du poisson qui accompagne cette sollicitation alimentaire généralisée. La filière pêche au niveau national demeure artisanale. Le cycle de reproduction des espèces est souvent précarisé. Quand, en amont, la pression industrielle sur les ressources maritimes mêlée de trafics s’avère destinée au marché extérieur. Les défis d’une pêche durable pour une consommation saine et satisfaisante découlent de cette nouvelle alerte après celle de Greenpeace relative à la farine de poisson.