Se laver les mains régulièrement, c’est l’une des consignes à suivre pour ne pas contracter et propager le virus mortel Covid-19. Cela dit, les messages de sensibilisations tombent souvent dans des oreilles ouvertes aux Coronavirus. En Afrique où la croyance scientifique se relègue au profit d’une série d’infestations de la mentalité, la Côte d’Ivoire s’illustre dans cette posture impavide et morbide. Au côté de citoyens errants, le leadership n’en demeure pas moins sapide dans ce pays. En effet, pour le respect des mesures barrières diffusées à l’échelle mondiale avec des indications complémentaires locales, le casse-tête chinois est général.

En plus d’une communication des autorités ministérielles qui ne facilite pas la clarté de la compréhension des risques spécifiques au niveau national, les citoyens rechignent. Aux heures du couvre-feu de nombreuses personnes restent dans les rues en toute connaissance du niveau de corruption de la police nationale. Pour mémoire dans les locaux de l’ENP (Ecole nationale de Police) à Cocody, des policiers eux-mêmes s’en plaignent quand d’autres subissent des sodomies. Certes, cette campagne sanitaire contre le virus Covid-19 vise à protéger le droit à la santé en veillant au strict respect de la dignité humaine, cela dit, l’implication de tous urge. Il s’agit de se protéger et faciliter la quiétude de notre environnement (humain et non-humain). Des hommes déployés avec des moyens rustiques peuvent avoir le sens du devoir mais manquer très vite de patience. C’est intolérable, mais l’Etat dans les pays africains rythme au laxisme global. D’où viendront des décisions équitables, suivies et mesurées ? Malin comme un singe celui qui saura répondre à cette interrogation. Diantre ! Les africains ne sont pas des singes.

En ce mois de mars qui débute, le Covid-19 frappe de plein fouet des pays plus aguerris au plan infrastructurel. Après l’Asie, l’Europe est affectée. La Côte d’Ivoire se prend en ce moment pour une zone enclavée avec son parasol fiorituré de « pays béni ». Les proches de personnalités publiques ne sont pas rapatriés, les frontières restent ouvertes. Pis, à leur arrivée, c’est un millier de potentiels infectés qui débarquent dans un pays où les dispositifs sanitaires publics comme privés regardent des enfants mourir pour des maladies évitables. Les drames sont légions. Ainsi après plusieurs événementiels sans dispositions sanitaires appropriées à cette nouvelle pandémie, le nombre de malades n’a cessé de croître pour atteindre à ce jour la centaine. En effet, dans ce tintamarre, en moins de deux semaines les personnes infectées passent de 3 à 140. La porte d’entrée principale de ce virus dans le pays reste un seul et modeste aéroport dont la gestion est défiée par un adolescent de 14 ans.

Désormais, les frontières terrestres présentent aussi des risques de propagation malgré les restrictions arrêtées par le gouvernement. En plus de la porosité de ces frontières, la corruption est dense, voire naturelle. Quatre ans avant 2019, la réputation de la majeure partie des forces de l’ordre rime avec pots de vins, soit un taux de 26%; avant de carburer au double et atteindre 43%. Sur cette période, les services publics sanitaires opèrent une légère désinfection éthique, la corruption passe de 18 à 16%. Vigilance ! Car, à peine la logistique de riposte à cette violente crise sanitaire se déploie, des élèves médecins sont accusés de vol de solutions hydro-alcooliques. Par ailleurs si ces derniers démentent ces actes et rappellent la noblesse de leur métier, le ministre de la santé se trouve bien occupé à réceptionner les dons en main propre.

Dans une adresse à la nation le Président de la République envisage un budget de 95,8 milliards pour freiner les souffrances de populations, compte tenu de la brutalité avec laquelle cette crise du Covid-19 affecte et endeuille. L’efficience dans la gestion de ce fléau sanitaire va contribuer à l’amélioration du dispositif sanitaire et des pratiques hygiéniques. Ce qui fut un échec avec la menace Ebola en Afrique de l’ouest. Pour preuve, des outils basiques de lavage des mains surgissent en exclusivité, alors qu’ils auraient pu devenir ordinaires en ces temps de Covid-19. Il n’est pas rare de rencontrer dans les localités du pays des volontaires avec un tensiomètre toquer aux portes. Dans les cités, aux endroits fréquentés, l’hygiène publique ouvre de multiples possibilités d’emplois et de promotion du civisme. La santé des populations s’en trouve protégée et le sera davantage grâce au développement formel des possibilités médicinales locales ou importées. La santé du capital humain des pays africains souffre encore d’une dépendance exagérée aux solutions onéreuses. La qualité de l’éducation sanitaire en Côte d’Ivoire construit l’échec du système médical local. Dans les gares et au sein des cars, des initiatives de sensibilisation sanitaire sont prises par des jeunes sans bénéficier d’un accompagnement structurel. L’Etat-élites se préoccupe du luxe à importer. Après soixante ans d’indépendance, l’économie sanitaire et alimentaire demeurent précaires. Les élus font des dons et brandissent leurs noms plutôt qu’un changement de mentalité. Et quand ces cadres meurent, l’effort de développement retourne à zéro avec une nouvelle lutte pour le culte de la personnalité.

Les centaines de millions de dons qui surgissent du fait de cette autre crise sanitaire du Covid-19 qui frappe la Côte d’Ivoire verront-ils naître des box-sanitaires réguliers à proximité du citoyen en mobilité afin que le lavage des mains ne paraisse plus exceptionnel ? Des assistants médicaux et sanitaires s’implanteront-ils dans les quartiers avec un encadrement formel de l’Etat ? En effet, tel est le rôle de l’Etat-élites.

Abidjan et sa périphérie clignotent au rouge. L’alerte d’un isolement de plusieurs communes sur l’ensemble du Grand-Abidjan, reporté au dimanche 29 mars dès minuit, suscite une désapprobation massive. Surtout, pour défaut d’explications.

Le pays est en état d’urgence et un couvre-feu s’applique sur l’ensemble du territoire national. Nonobstant la pression des autorités et tous les risques encourus à l’échelle sociale, des personnes défis les décisions arrêtées. Une centaine d’interpellations sont enregistrées par la direction de la police nationale. 63 individus déférés et condamnés à trois de prison avec sursis, en plus d’une amende de 200 mille francs CFA. La police rassure qu’elle s’attelle au respect des droits de l’homme au cours de ses missions renforcées, car, plusieurs dérapages se constatent. Toutefois la responsabilité engage chaque citoyen de participer à la quiétude sociale. La redevabilité et la reconnaissance de l’Autorité vont aussi de pair. Les sans-abris à Abidjan sont nombreux. Les « chercheurs », ces débrouillards appelés aussi des « grigrasseurs », tenus par le prix d’un repas n’ont ni montre, ni la modique somme de 200 000 mille francs CFA. Cette distanciation sociale est bien adoptée !

Sortir des crises avec une mentalité et un dynamisme social moins infectés c’est possible. L’Etat-élites en a toutes les ressources nécessaires. A la récente diffusion de l’indice de corruption par Transparency International, la Côte d’Ivoire patauge au 106ième rang sur 180 et se réjouit d’un progrès.