« Future autoroute, Abidjan Monrovia! », s’exclame Douin, cet amoureux de Gagnoa, la canopée de la convivialité. Dans quelques mois les voyages Abidjan-Gagnoa ne déclencheront plus le bobodouman des populations. Tout comme l’axe Adzopé – Yakassé Attobrou inauguré récemment, la mobilité sera facteur de développement et de santé pour les usagers de ce tronçon international.

Gagnoa, chef-lieu de département, est une ville aux richesses multiples. Elle est un symbole fort de l’hospitalité ivoirienne et de la promotion endogène des droits civils.

La belle Gôzô, c’est aussi la culture de la fête, des sports et la vie sans stress. Avant qu’on ne s’énerve, une expression vient détendre les conversations en Côte d’Ivoire : ahooo Gagnoa!

Lors des festivités de l’indépendance, une voute de la culture ivoirienne, choisie pour le parrainage du tournoi local de pétanque, Dr Alain Tailly, s’est inspiré de cette Gagnoa créative. L’artiste veut étendre « la pétanque comme un projet de développement » partagé jusqu’à Divo, ville voisine.

En plus du Capitaine de la 1ère CAN remportée par la Côte d’Ivoire, et la légende Didier Drogba, Gagnoa PlayGround désire plus d’étoiles pour la Côte d’Ivoire. Cette plateforme de Basket-ball invitée au défilé du 59ème anniversaire occupe sainement la jeunesse locale.

Gagnoa se positionne comme une ville secondaire majeure, avec dans son écosystème des étoiles et des trophées multiformes pour la Côte d’Ivoire.
Le développement des infrastructures et la valorisation de ce pôle économique plus proche d’Abidjan que Bouaké, ouvert sur le centre et l’ouest. Avec la capitale Yamoussoukro à deux heures de route. Gagnoa est un pôle de développement synergique pour la Côte d’Ivoire et les pays frontaliers.

L’espoir de désengorger Abidjan, cité luxueuse, peuplée précocement, où opportunité rime avec précarité, urge. Les souvenirs de ce trajet Abidjan-Gagnoa reviennent.

Quelle ambiance de décembre!

Le calendrier affiche le 30 décembre 2018, veille des fêtes de fin d’année en Côte d’Ivoire. Il est 7h quand nous débarquons dans une première gare à Yopougon Siporex, l’option Adjamé est exclue. Un monde fou ! Aucune autre destination n’est autant sollicitée.

« Plus possible d’avoir un véhicule pour Gagnoa à cette heure », nous informent les responsables d’une deuxième compagnie. «Certains passagers ont passé la nuit à la gare», murmure-t-il entre maintes allées et venues.
Il faut chercher encore un peu plus loin, au nouveau-goudron, pour une réponse identique: pas de départ sur Gagnoa.
Ici, des titres de transport sont délivrés pour d’autres destinations telles Yamoussoukro, Bouaké, Bonon ou Daloa en transitant par la douce capitale ivoirienne. Ce sont des lignes « plus sûres », laissent entendre certains convoyeurs.
Essouflés, direction Gesco, à la sortie de la bouillante Abidjan. « Affaire de décembre », soupir une demoiselle non sans onomatopées. Il est bientôt 9h, elle est d’un teint noir qui laisse scintiller des pépites de lumière. Le soleil de son charme est plus que consolateur. Coup de bol, nous obtenons des tickets après des heures de prospections et de négociations. Visiblement, la destination Gagnoa n’est pas une priorité pour les convoyeurs.
Les voyageurs en partance pour Gagnoa collèrent. Les novices du trajet ne comprennent pas cette « injustice » vue le nombre important de personnes qui envisage d’aller dans la cité du fromager. Les habitués eux peuvent comprendre la réticence des compagnies.

Il est 16h nous sommes encore à Abidjan mais la détermination demeure chez les «Gôzôlais».
C’est un car à destination de San-Pedro qui nous est affrété, le véhicule transitera par Gagnoa. La côtière est impraticable, signale-t-on. S’enclenche l’égrenage de près de 280 km de route alors que les voyages de nuit sont peu recommandés. Le tronçon autoroute du nord est fluide, N’douci, Sikensi avec quelques petites secousses par endroits. Dès Tiassalé des ballottements se font de plus en plus réguliers, les secousses plus fortes. Suivront Divo, Lakota jusqu’à Gagnoa au rythme du tango d’un navire en pleine tempête. Il est presque une heure du matin au moment de notre entrée à « Sabata ». Il nous faut absolument poursuivre le trajet, encore une vingtaine de kilomètres.
« C’est dans les petits petits villages que se trouvent les plus belles femmes de Gagnoa », fredonne le groupe Zouglou ivoirien, Magic Diezel dans son tube « Allons à Gagnoa ».

Le corps gravatif, douleurs musculaires couplées de douleurs lombaires dès l’aube. J’ai souvenir de cette phrase d’un passager expérimenté: « La route là réveille koko et bobodouman ». Les pistes des sous-préfectures et villages achèvent le voyageur.
Sûrement, se trouve là une explication à la présence des nombreux vendeurs de remèdes contre les crises d’hémorroïdes dans les gares et dans cette région multicolorée.