Malgré les efforts entrepris par les gouvernants le fouet de la pauvreté tourmente plus de 40% de la population en Côte d’Ivoire, qui par ailleurs, est dépouillée par l’administration publique.

Voici l’histoire d’une panoplie de victimes de pertes, vols et braquages, qui une fois dans un Commissariat subissent un autre vol à la roulotte et sont enfoncées dans la crise.

Après le traumatisme d’un voyage en compagnie des coupeurs de route, dépouillées et déboussolées, les jours suivants au Commissariat pour une déclaration de perte sont davantage douloureux.

2000FCFA par document égaré, c’est l’antalgique qui est brandi aux citoyens. Tant mieux si le nombre de pertes est élevé et tant pis pour les conséquences endurées par les citoyens.

Le sens de l’administration et les procédures liées s’imposent ainsi comme un commerce bien plus qu’un mode de régulation et de sécurisation pour l’ensemble des populations.

L’identité juridique en Côte d’Ivoire n’est pas naturelle pour les ivoiriens; Il faut l’acheter à 5000F au moins sans compter les frais de transport et autres démarches connexes.

Et pourtant, « 75% du million de producteurs de cacao vivent toujours dans la pauvreté et la précarité avec une rémunération en dessous du seuil de pauvreté » déclare la Banque mondiale. Ils vivent avec environ 568FCFA pour 24h.

Au cours d’un reportage sur la chaine de télévision nationale RTI1 en rapport avec la déclaration des naissances, un citoyen dévoile être contraint de payer le transport des agents de l’Etat à hauteur de 15000FCFA. Le sous-préfet de la localité devient ridicule quand les projecteurs se tournent vers lui.

Le Chef de l’Etat ivoirien, Alassane Ouattara indique dans son adresse du nouvel an, passer au triple de bénéficiaires du projet filets sociaux, soit 100mille ménages. En moyenne les sommes versées avoisinent le sac de riz de 25kg/mois. Comment ces centaines de familles peuvent-elles s’acheter une carte d’identité nationale si ce n’est en hypothéquant leur vote ?

Pour un détenteur de la carte d’identité précédente victime d’une perte, il a dû payer au moins 2000f au Commissariat de police pour la déclaration de perte ; puis 5000f pour le duplicata ; mais avant entre 3000f et 5000f pour l’attestation d’identité. Ce qui peut totaliser au moins 12000f le montant alloué au filet social mensuel ! Et ce, pendant que la pièce duplicata est encore en traitement et le frais d’une nouvelle sont annoncée.

La carte d’identité peut offrir le confort de la citoyenneté, et donner de la saveur à l’intégration dans la vie sociale. L’administration publique et les gouvernants portent cette responsabilité d’exemplarité.

Terroriser un citoyen pour un casier judiciaire à 5000f, une carte d’identité à 5000f et faire une déclaration de pertes à 10000f pour cinq documents usuels, c’est entretenir la prédation sociale au sommet de l’Etat.

Plusieurs citoyens ne pourront avoir droit à une couverture santé faute de moyens pour s’acheter une carte d’identité. Le premier service coûte 1000f et le second cinq fois plus.

A l’ère du numérique et de la monétique, une carte d’identité nationale est un outil de développement économique et de promotion civique. Quand on sait le faible taux de bancarisation, d’adressage, les déficiences en protection sociale et la performance dispersée d’une économie fortement informelle, l’autorité a le devoir de transcender les sentiers abrupts et suspicieux pour réconcilier l’énergie citoyenne à travers l’identité juridique.