En amour l’adage dit « loin des yeux loin du cœur », ce n’est pas un adage de droit fort heureusement. Au sommet de la gouvernance politique en Côte d’Ivoire, l’amertume s’installe entre les acteurs après de graves accusations de déstabilisation de l’Etat. L’Assemblée nationale vient de se prononcer à titre exceptionnel sur la levée de l’immunité parlementaire de six(6) députés emprisonnés en attente de jugements. Depuis qu’ils sont devenus des opposants, la rigueur de la loi leur présente un autre visage au miroir. Un goumin dit-on en Côte d’Ivoire, sauf que sur le plan politique, ce type d’histoires détruit plusieurs familles et perturbe la motivation sociale.

Si la levée de cette immunité est perçue comme une humiliation pour certains, d’autres la décryptent tel un retour de bâton pour ces hommes politiques qui ont été des instigateurs d’une crise armée pendant la décennie 2000-2010.

Cela dit, le pouvoir judiciaire en Côte d’Ivoire est l’objet de multiples dénonciations de partialité malgré l’avènement du multipartisme. A ce propos, l’actuel président de l’Assemblée nationale dont le prédécesseur s’avère concerné par ces poursuites après son éviction, avait prévenu quant au bras de fer électoral. « Nous irons tous en exil », lançait Ahmadou Soumahoro craignant cette éventualité en cas de défaite électorale. Dans un tel contexte, le jeu démocratique prend une autre tournure et la stabilité des Etats déambule dans cette peur de subir un cercle vicieux.

Le pessimisme politique enfante la violation des droits humains et accroît l’injustice sociale. La situation est par conséquent tendue dans ce pays en reconstruction et en carence de réconciliation entre des leaders populaires.

Plusieurs Organisations non gouvernementales dénoncent une instrumentalisation de la justice au gré des humeurs politiques. Pour Amnesty international Côte d’Ivoire, ces procédures en cours sont « très suspectes ». L’Observatoire Ivoirien des Droits de l’Homme(OIDH) doté d’un mandat de la CADHP(Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples) à son tour alerte sur le mépris du règlement intérieur de l’Assemblée nationale dans ces procédures accélérées. «  La levée de l’immunité ne peut pas être sollicitée par un groupe parlementaire », rappelle l’OIDH. Et pourtant cela est écrit noir sur blanc dans l’arrêté pris par l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire. Elles sont nombreuses ces controverses sur des procédures administratives et juridiques. Les échanges sur les médias d’Etat pour les dénouer restent tabous.

Les craintes fusent à juste titre car ils s’entretuent entre leaders politiques au fil des tensions et ils drainent des communautés avec eux dans ces violences. Les religieux appellent à un dépassement et à la libération des prisonniers. Cependant, le bras de fer se poursuit entre les acteurs politiques pendant que la jeunesse africaine croule pour les miettes qui financent ces batailles politiques endémiques et inciviques.