Trempé de larmes, le drapeau de la nation arc-en-ciel est en berne. Les cérémonies d’hommage se succèdent. Après celles rendues aux quatorze soldats tués à sa frontière nord, la Côte d’Ivoire perd son premier ministre dans un climat politique d’inimitié voire de haine et de bassesses viscérales. De Kafolon à Korhogo, les familles implorent sur les cortèges funèbres la clémence du repos éternel pour ces fils d’une même patrie arborant la paix et l’hospitalité. Cependant, l’âme de la fraternité dans l’adversité politique s’endurcit et s’abandonne à la consomption. A petit feu, les talents de la patrie meurent dans ce stress atavique, avec peu ou prou d’argent délictueux.

Le nombre de cadres arrachés avec monstruosité à la Côte d’Ivoire depuis les trois décennies qui ont suivi l’année 1990 – date officielle du multipartisme – interpelle à l’introspection nationale. Entre les années 2000 et 2020, le pic des décès dans les sphères politiques se perçoit. Mais, la prise de conscience pour un changement de militantisme peine. La division des fils empire comme l’enseigne l’histoire de nombre d’empires africains, ainsi affaiblis et pillés grâce à ses enfants divisés.

La mort, ce sort commun, soumission obligatoire, vient de s’imposer à deux catégories de citoyens : sentinelles et précurseurs. Le soldat, garde la vie. Le politique promeut la vie. Par ailleurs, à ces hommes, le pouvoir d’ôter la vie et la liberté est donné. Un double usage pour garantir la paix au sein de la nation.

Le triste bilan de la réconciliation, de la corruption et du repli tribal constituent un stress permanent pour le citoyen livré à la précarité, et aussi pour l’homme politique. Aucun confort matériel ne constitue une garantie d’immunité face aux tourmentes imprévisibles de la mort.

Chaque seconde de division crée un cadre propice à la progression des groupes armés en Afrique de l’ouest, singulièrement aux portes de la Côte d’Ivoire. Cette atmosphère politique morose, sans dialogue pertinent, constructif et inclusif dans le respect des diversités respectives, fragilise le peu de réussite obtenue. Pis, ce climat inhumain réduit les pays africains et ses bourgeois à la mendicité.

La Cote d’Ivoire rassemblée et unie peut s’affranchir et soutenir comme locomotive la paix et la stabilité en Afrique de l’ouest. C’est d’ailleurs une responsabilité collective et individuelle pour apaiser l’âme interactive de ses enfants et des familles.

Le conseil des ministres du 13 juillet 2020 envisage la création d’une Zone opérationnelle défensive et offensive, avec un commandement unique. En plus d’une sensibilisation civile et des moyens militaires renforcés. Tous ces défis tout comme ceux d’une élection crédible et apaisée sont possible grâce à l’union des citoyens autour de valeurs pérennes. L’ex premier ministre, candidat à la présidentielle 2020 répond à l’appel commun des mortels. Ce vendredi 17 juillet, Amadou Gon Coulibaly est inhumé à Korhogo. Ce départ insolite est celui de la mort. Elle n’a pour l’heure aucun adversaire coriace parmi les politiques.

A 90 jours de l’échéance électorale présidentielle, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) ordonne à nouveau la réforme de la Commission Électorale, après quatre ans d’insistance. Sans prise de conscience pour un nouveau paradigme politique vivant.