Selon la constitution de la Côte d’Ivoire adoptée en 2016 et proposée par le régime en exercice, « sont électeurs, dans les conditions déterminées par la loi, tous les nationaux Ivoiriens des deux sexes âgés d’au moins dix-huit ans et jouissant de leurs droits civils et politiques », stipule l’article 52. Cependant, le Président du PDCI-RDA, Tidjane Thiam, redoutable candidat à la présidentielle d’octobre 2025, voit sa nationalité ivoirienne contestée de facto après sa radiation de la liste électorale. Tour à tour, les prétextes d’exclusion des favoris à l’élection présidentielle ivoirienne affluent de toutes parts et présagent une dérive dans l’absolutisme pour l’accaparement du pouvoir d’Etat.
Pour certains, malgré leur acquittement après une décennie de procès à la CPI (Cour Pénale Internationale), ils sont privés de leur droit d’électeurs. En l’occurrence, Charles Blé Goudé et Laurent Gbagbo. Sans compter Guillaume Soro, contraint à l’exil contrairement à la loi fondamentale et dont le droit d’électeur confirmé par la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP) demeure récusé. A cette liste d’adversaires politiques harcelés, s’ajoute désormais Tidjane Thiam, Président du PDCI-RDA, un parti politique implanté sur l’ensemble du territoire national et jouissant d’une notoriété internationale historique telle que l’ANC en Afrique du Sud.
Ce cyclone affecte depuis plusieurs décennies la cohésion sociale, le développement du capital humain, la qualité de la gouvernance et le sens des élections dans une démocratie. De toute évidence, une élection apaisée, transparente et crédible part de qualité du processus électoral. Or, la Commission électorale faillit à ses attributions d’information et de sensibilisation des populations pour promouvoir le vote, de mise à jour annuelle de la liste électorale, de proposition de décisions d’optimisation au gouvernement et de recours à l’administration ou aux juridictions compétentes pour l’application du code électoral.
Ce sont les partis politiques qui investissent les hameaux pour expliquer aux populations l’importance du vote et daignent à accompagner une population plongée dans l’analphabétisme malgré le budget alloué à la Commission électorale et le potentiel socio-économique de la Côte d’Ivoire. Pourtant, un citoyen électeur au surplus un candidat exclu, par quelques moyens indirects ou manifestes, délégitime l’exercice du pouvoir d’Etat. Ce pays, avec la vigueur de sa jeunesse, enregistre une inscription sur la liste électorale d’à peine 10% des citoyens âgés de moins de 25 ans, reconnaît le parti au pouvoir.
Les appels consécutifs des leaders religieux, de la société civile et de l’ONU à un processus électoral juste emboutissent face à une volonté de passage en force déplore CAP Côte d’Ivoire, une coalition regroupant la majorité des partis de l’opposition. « Le régime au pouvoir instrumentalise à nouveau la justice pour faire barrage à la candidature du Président Tidjane Thiam », alerte CAP Côte d’Ivoire. Cette coalition exige un audit de la liste électorale et la dissolution de la Commission électorale, au regard de ses prestations calamiteuses.
Effectivement, l’autodétermination, le sens élevé de la responsabilité de la Commission électorale et du Conseil constitutionnel peuvent épargner tant d’horreurs à la Nation. La cause majeure de ce pilori politique résurgent demeure l’acceptation de la dévalorisation du service public à la tête de ces institutions de supervision électorale qui exposent le pouvoir judiciaire à l’inféodation.
Dans l’enfilade des requêtes pour l’élaboration d’une liste électorale valable, les partis politiques se heurtent au refus de la Commission centrale de s’investir pour un « accès à toutes les sources d’information relatives au processus électoral », comme le préconise ses attributions pour recourir à toutes les administrations, de sorte à épurer la liste électorale. En lieu et place, l’appareil administratif Etatique accule l’opposition.
Violer les droits civils et politiques des citoyens, réduire leur capacité à participer à l’amélioration des affaires publiques et multiplier les restrictions à l’endroit des candidats potentiels aux élections favorisent le sous-développement et contribuent à de graves fractures sociales.
Pour preuve, les rancœurs en Côte d’Ivoire refont surface faute d’élections crédibles et d’équité au sein de la société. En effet, la perte de la qualité d’électeur intervient suite à des sanctions (crimes, emprisonnements sans sursis…) ou à une preuve de l’extranéité, en cours. Tout ceci, en vue d’encourager la participation massive des citoyens à la dynamique politique car « le principe de la République de Côte d’Ivoire est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », souligne la Constitution. Une justice équitable ne peut donc prononcer un jugement pour la radiation d’un citoyen de la liste électorale pendant que sa nationalité ne souffre d’aucun doute. A moins, d’en faire un apatride ipso facto.
Autant s’assoir, dialoguer dans la diversité et la volonté d’améliorer le processus électoral, au lieu de cultiver le pilori politique, au détriment des familles et des populations. Un parti au pouvoir devient parti d’opposition mais, le sens de la responsabilité à la tête des institutions préserve toutes les parties et forgera l’Etat de droit en Côte d’Ivoire, pour le respect de tous, générations présentes et futures.