Pour certains d’entre eux, ils ont bénéficié d’une tablette et de 500 Mo comme soutiens afin d’étudier dans des conditions moins précaires. Mais ça, c’était avant avant, en 2016. Les étudiants de l’Université virtuelle de Côte d’Ivoire (UVCI) organisent des journées Akwaba aux nouveaux bacheliers. Derrière les plus beaux costards des panélistes de cette édition 2021, transissent en chacun de ces jeunes étudiants la crainte d’un avenir hypothéqué avec le goût amer de la publicité. En plus des obstacles à l’apprentissage à distance, le système éducatif en Côte d’Ivoire reste gangrené et exclut l’apprenant en difficulté malgré les efforts budgétaires de l’Etat.
De père entrepreneur, ce jeune étudiant de l’UVCI a beaucoup de chance car il vit à Abidjan. Son père supporte les effets directs de la crise sanitaire Covid-19, mais aussi la corruption endémique qui sévit en Côte d’Ivoire et l’asphyxie des start-up. L’impact sur la famille est quotidien. Parmi les néophytes de l’UVCI, sans ordinateur, sa licence en Arts numériques se trouve menacée. Néanmoins, à la recherche de petits boulots, aussi peut-il constituer une épargne pour financer ses études universitaires. Par contre, après son échec en première année de communication digitale, le témoignage de cette jeune fille augure moins d’espérance face aux rudes inégalités du système éducatif. Elles atteignent 130 millions ces jeunes filles qui ne vont à l’école dans le monde.
« Assurer l’accès de tous à une éducation de qualité, sur un pied d’égalité, et promouvoir les possibilités d’apprentissage tout au long de la vie », c’est l’urgence n°4 des Objectifs du développement durable (ODD), adoptés par les Nations Unies. En (re)parler parfois peut rehausser un soupçon de rêve chez ces jeunes dont l’épanouissement social et la dignité s’hypothèquent au quotidien dans des campagnes massives d’espiègleries.
Par exemple, en attendant la réussite de l’opération un étudiant un ordinateur; plus de 90% des élèves et étudiants interrogés affirment ne pas suivre des cours à distance. Ceux qui le font, pour la plupart, sont dans l’incapacité de les parachever avec assiduité. « Ils ne font rien de bon », lance Marie Abolé, élève en classe de 3ème, dans la localité d’Aboisso. La rapidité et le temps très court de diffusion des capsules n’encouragent pas les élèves à suivre les cours, relèvent-ils depuis les brèves initiatives salutaires de l’Etat lors de la fermeture des salles en raison de la pandémie Covid-19. Toutefois, l’habitude de ces nouveaux modes d’apprentissages formels peut éveiller une seconde nature : l’esprit d’ouverture et d’éducation en continu. Mais, l’accompagnement fait défaut !
Emprisonnés entre activités ménagères et champêtres, recherche de travaux de survie et promenades oisives, chacun essaie de trouver un créneau pour mieux passer son temps en amoindrissant l’anxiété. Zoubeirou Samsodine est élève en classe de 5ème au nord-est de la Côte d’Ivoire. Dès que les cours s’interrompent Samsodine migre dans les garages auto. Bien que ses résultats scolaires soient satisfaisants, les risques de déscolarisation au profit de la mécanique gravitent, réfugié dans l’adage selon lequel, « il faut avoir plusieurs cordes à son arc ».
Quant à Denon fatou, également en classe de 5ème, elle fait le chemin, chaque matin, de son domicile au marché pour la vente de poison fumée, en compagnie de sa mère et ignore les possibilités d’apprentissage à distance. En Côte d’Ivoire, plus d’un million et demi d’enfants pilulent les rues privés d’éducation académique nonobstant la loi pour l’école obligatoire.
Faute d’argent, de connexion ou d’information, élèves et étudiants se réorientent par instinct de survie, vers la maçonnerie, le convoyage de produits à domicile, les travaux à forte demande de main-d’œuvre. Pourvu qu’ils obtiennent un revenu financier au final et de quoi à assurer la pitance. Des gains allant de 2000 FCFA à 10.000 FCFA par semaine soulagent des besoins existentiels. Traités d’inconscients, gagnés par l’oisiveté, d’autres se pavanent dans les rues et jouent les commentateurs sur les réseaux sociaux, s’ils ne sont pas occupés par des compétitions de jeux vidéo (konami). Officiellement, les encadreurs ne sont pas tenus informés du déroulement de ces activités pour en évaluer les causes, les conséquences et les solutions systémiques. Selon l’ONU, « près de près de 369 millions d’enfants qui dépendent normalement des repas scolaires comme source fiable de nutrition quotidienne ». Entre-temps, « le volume mondial de gaspillages et pertes alimentaires est estimé à 1,6 milliard de tonnes d’équivalents produits de base. Les gaspillages totaux pour la partie comestible s’élèvent à 1,3 milliard de tonnes », avoue la FAO.