Ce trio réalise sa première action de reboisement doublée d’une visite au zoo d’Abidjan, lieu qui accueille les plants de Mafé et ses proches. Une passion pour la préservation de l’environnement qui commence à prendre forme sous l’impulsion de l’opération 1 jour 1 million d’arbres initiée par le gouvernement ivoirien, depuis le jour de la célébration nationale de la paix. Ce pays à quelques mois d’une nouvelle élection présidentielle traîne les défis de réconciliation, de restauration du couvert forestier et désaveuglement des citoyens. Avec une jeunesse majoritaire dont l’environnement devient précaire mais qui s’en doute peu.

Le taux de pénétration des téléphones portables en Côte d’Ivoire est de 136% quand celui des forêts est de 8%. Mafé, trentenaire vient de planter son premier arbre. Elle l’appelle « mon bébé Teck ». Heureuse est-elle d’avoir réussi cette action malgré l’agenda urbain dans cette mégapole ivoirienne où tourbillonnent comme un pipeline les fumées d’échappements des narines aux bronches. La stabilité sociale et écologique devient une urgence dont la jeunesse qui constitue 77% de la population doit s’approprier.

Mafé est professeur, elle perçoit désormais le poids et les enjeux de cet héritage douloureux. Séduite par cette prise de conscience au sommet de l’Etat, son engagement éco citoyen grandit plus vite que son bébé Tectona grandis.  « Je vais proposer un texte sur la protection de l’environnement à mes élèves du 1er cycle quand on étudiera la notion de texte argumentatif ou de renforcement de capacité », ambitionne cette charmante citoyenne.

1 jour 1 million d’arbres peut l’être toujours grâce à une appropriation des défis environnementaux qui menacent la biodiversité et la santé humaine sur le territoire de Côte d’Ivoire. L’orpaillage clandestin déverse son lot de produits toxiques dans les eaux, plantations et aires protégées du pays. La réhabilitation de l’environnement par les miniers légaux reste problématique.

Bondés de ressources naturelles, le pays est riche mais la gestion durable de ses ressources interpelle. Pour preuve, en cinq décennies en ayant miroité un miracle économique après l’indépendance, la Côte d’Ivoire s’est retrouvée pays pauvre très endetté(PPTE) avec un taux de pauvreté de 46, 3%  aux encablures de l’émergence. Une économie de rente qui dans son innocence, avec ses plants, cherche dorénavant l’émergence, et doit reboiser massivement avec célérité.

« Il faut que les chefs d’établissements, directeurs d’écoles primaires et préscolaires initient des campagnes de planting d’arbres pour donner la chance aux apprenants et leur montrer l’importance de ce genre d’action pour eux-mêmes, leurs familles, leur pays et le monde entier », suggère cette volontaire après avoir convaincu deux personnes à planter leurs arbres lors de cette journée nationale de la paix. « Je voulais danser et je me suis sentie utile. J’ai demandé pardon intérieurement à Dieu pour ne pas avoir débuté plus tôt le planting d’arbres », confie-t-elle, fervente croyante.

L’espérance plantée lors de cette journée de la paix est grande, car l’arbre est un havre de paix dans la culture locale. Ce pays qui se veut à cette image, en a de moins en moins, avec une jeunesse instrumentalisée, il croule dans des palabres légués comme héritage. Sous l’arbre à palabre en Afrique, la réconciliation et l’harmonie des divergences se reconstituent. Mafé vient du nord de la Côte d’Ivoire mais a vécu au sud et y débute sa campagne nationale d’écocitoyenneté avec trois petits plants pour la paix.