Elle a tout l’air d’un forum national. Au pays des N’zima kotoko, tous sont sortis ce jour. Reine-mère, roi, femmes, chefs de familles, jeunes. Une cérémonie de « pardon pour ressouder l’union », écorchée par des dissensions politiques.
Bouteille de liqueur en main, un chef coutumier invoque les divinités. La libation, des offrandes pour implorer le pardon des ancêtres. Et, apaiser les cœurs des membres de la communauté. Débute l’Azondjolè. « Un processus qui implique l’ensemble des composantes de la société N’zima et qui a pour objectif, la recherche de la paix, la cohésion sociale, le renforcement des liens entre les membres de la communauté, et surtout la préservation des institutions », expliquent les chefs coutumiers.
Des cadres, des hommes politiques assistent. Mais, ici, la parole est en priorité essence culturelle. Surtout que, cette rencontre vient aplanir les dissensions nées lors des élections municipales d’octobre 2018. À la suite des contestations des résultats, émaillées de violences, les populations ont boycotté la tenue de la fête traditionnelle de l’Abissa cette année-là pour dénoncer « la prise de parti de la royauté » .
Au coeur de cette royauté dans la ville historique de Grand-Bassam, les principes démocratiques et de gouvernance participative vont au-delà du boycott. Le peuple rappelle au Roi, que ses sandales doivent lui servir à marcher selon l’intérêt commun. Sinon, il lui retire ses privilèges. Ce, pour que gouvernances traditionnelle et coloniale ne s’affrontent ou s’unissent pour menacer les valeurs sociales.
Cette initiative de réconciliation locale couronne la fin du mois d’août, commémoratif de la fête nationale de l’indépendance. Bassam porte en elle, la Côte d’Ivoire actuelle, par des luttes farouches, au sein de l’ancienne capitale coloniale.
Bassam, par son système de gouvernance traditionnelle, veut accoucher de résolutions en faveur de la cohésion sociale. Une paix, fruit d’un engagement collectif, sans discrimination, par la restauration du respect des valeurs. Le respect de Bassam se perd, sali par des violences, dépravations et attitudes kleptocratiques.
Les institutions, en l’occurrence les sept (7) familles qui fondent le peuple N’zima, s’engagent à œuvrer pour un Abissa 2019 réussi, au sortie de cette cérémonie de réconciliation.
Du 20 octobre au 03 novembre, une autre lucarne démocratique s’offre au peuple pour exercer à nouveau un de ses droits fondamentaux : la liberté d’expression. À travers la « critique sociale », des représentants du peuple, viennent, devant le grand public en face du roi, critiquer la gouvernance. Une liberté d’expression reconnue et garantie par la tradition. Quand, Amnesty alerte sur des violations de la liberté d’expression perpétrées par le gouvernement avec à la clé des arrestations pour des opinions. La culture locale s’avère source d’inspiration pour une bonne gouvernance d’échelle, dans ses dispositifs authentiques, si le leadership est voulu constructif.