« Il n’y aura pas de journalistes en prison, en tout cas pas tant que je suis président de la République ». Une autre fausse promesse tout comme le déracinement de la corruption, chanté à l’aube de l’exercice du pouvoir d’État. Le journaliste Adama Guaye est en prison pour le nom de l’homme au-dessus des hommes, le président Sall. Adama Guaye subit le courroux de l’éternel offensé. L’impétueux citoyen croupit en prison parce que ses phares n’ont pas caressé les Sall, corrompus bourreaux de Gorée.

À peine la prière de l’aube achevée que le journaliste reçoit la visite des policiers. Il est 5h29 quand Adama Guaye écrit sur les réseaux sociaux: « la police est venue me chercher ».
La cause de cette visite matinale, est une « offense au chef de l’État », selon la qualification des autorités judiciaires, suite à des messages postés sur la toile.

Au pays de Macky Sall, la justice est plus offensive quand il s’agit des opposants. Les affaires visant des proches du pouvoir traînent dans ses couloirs. L’ex-maire de Dakar Khalifa Sall, emprisonné, ne dira pas le contraire quand le Sall, frère de Macky, n’est pas inquiété par la justice. La géométrie de l’égalité et de l’équité change une fois au pouvoir.
Dans ses nouveaux habits, le Sall, président, a promis en 2014 mettre fin aux arrestations de journalistes. Mais, des promesses de Macky volent plus haut que l’avion qu’il rêve d’être. Mythomanie. Entre 2012 et 2017, sept (7) personnes ont été inculpées pour « offense au chef de l’État ». La liberté d’expression crame, plus vite que la luxueuse voiture présidentielle. Macky Sall a rassuré l’opinion, pour ensuite dominer et voler de son avion en dégustant du pain au chocolat. Ses saveurs préférées, confie-t-il.

Le lundi 29 juillet, à 4h56, Adama Guaye, avant son arrestation, « alerte le Sénégal », sur la nécessité de faire barrage à la dilapidation des ressources naturelles du pays, engagée selon lui par le pouvoir de Dakar. Il interpelle sur la « précipitation » avec laquelle le gouvernement veut octroyer de nouvelles licences d’hydrocarbures au Sénégal. Cela dans des conditions qui « écrasent la constitution » au moment où la transparence dans ce secteur est remise en cause. Adama Guaye revient sur le scandale de corruption qui éclabousse le frère du président de la République. Une constatation avérée par des confrères de BBC. Trop loin ou trop puissants pour sentir la colère de l’oligarque. L’impétueux le plus visible encaisse la colère. C’est connu et répandu. Haro !

Adama Guaye est connu pour ses sorties critiques. L’Afrique et l’humanité n’en demandent pas mieux pour un meilleur destin de l’humanité par la réalisation des objectifs du développement durable.

La justice sénégalaise brandit l’article 80 du Code pénal comme base juridique. Ces articles, secours aux tentations dictatoriales, foisonnent les constitutions et lois organiques. Le journaliste est accusé, outre, de « manœuvres et actes à compromettre la sécurité publique ». Il risque jusqu’à cinq (5) ans de prison et une amende comprise entre 100 000 et 1 500 000 francs. Plus grave, il subit l’indignité et la déshumanisation devant sa famille.

Pour les défenseurs des droits et autres experts, l’article 80 invoqué par la justice est ambiguë. Aucune limite claire entre la liberté d’expression garantie par l’article 8 de la Constitution sénégalaise et l’offense au chef de l’État ou encore ces fameuses manœuvres compromettantes pour la sécurité publique. Sur la base de ce faux article légal, un autre activiste, a été arrêté mi-juillet pour des commentaires sur la gestion d’un hôpital public. Ce dernier est toujours en prison. Un instrument pour bâillonner, tuer la critique sociale et opprimer démocratiquement, crient plusieurs défenseurs des droits de l’homme.

Sur place au Sénégal, à l’échelle continentale et à l’Internationale, des voix se lèvent pour dénoncer cette arrestation et réclamer la libération sans conditions des prisonniers d’opinion. Des hommages aussi. Dans le cri des fleuves et baobabs calcinés, la journaliste Nicole M. réhabilite Adama Guaye, émérite pionnier du journalisme en Afrique. Ce libre penseur travaille à « changer l’image du continent », éprouve-t-elle depuis ses années en facultés.
Prendre un verre avec lui à la Gare Saint-Lazare ou manger des sushis avec lui non loin de la rue d’Auteuil équivalait à lire deux ou trois livres. Il donnait des conseils : « Ma chère, un gagneur ne lâche jamais et un lâcheur ne gagne jamais ».
Adama Guaye était « en bonne santé », précise-t-il lors de son interpellation, avant que les poisons du pouvoir ne s’en prennent à son humanité.