Alors qu’elle venait d’avoir ses règles la veille, le jour suivant se présente avec des imprévus professionnels particulièrement incommodants. En effet arrivée à son service, à 7h45, toute la journée cette jeune dame qui célèbre ses quatre ans de carrière, réceptionne ses prestataires avec toute la délicatesse et l’élégance dont elle seule a le secret. Cependant, jusqu’à 18h, heure de descente, mais aussi de répit et de restauration, cette adorable femme avait encore des travaux supplémentaires à exécuter. Telles que les circonstances présageaient, c’était impossible de rentrer chez elle à ce moment. Rien de choquant ! 58% des personnes victimes de travail forcé sont des femmes. Dans l’industrie du sexe le pic atteint 99%.

Des clients venaient de préciser une commande importante. Et, son supérieur hiérarchique envisageait d’autres plans pour sa soirée. Il feignait de suivre les travaux pendant que les techniciens étaient à l’œuvre mais à l’approche de la tombée de la nuit, son manque de disposition devenait un poids pour tous, qu’il transformait en exigences de bonne exécution des travaux. Lorsque l’horloge a retenti 21h GMT, ce chef de service, a rangé ses derniers effets et comme consigne supplémentaire, il lâcha « Ne dormez pas dans les fauteuils »!

C’était épouvantable. Le travail était rendu plus difficile par des mesquineries doublées d’autocratie. Il ne faisait rien dans les règles. Et pourtant elle avait ses règles. S’il le savait, que lui aurait-il dit, qui ne s’apparente à ce leadership dégoûtant? « Les femmes sans aucune distinction d’âge, ne pourront être employées pendant la nuit dans aucune entreprise industrielle, publique ou privée, ni dans aucune dépendance d’une de ces entreprises, à l’exception des entreprises où sont seuls employés les membres d’une même famille » stipule l’article 3 de la convention sur le travail de nuit (Co89).

Aussitôt la voiture de l’homme viril et «libre» franchi le portail, cette adorable femme restée seule avec ses trois collaborateurs pensait à leur trouver à manger et du café. Avec son propre argent, le peu obtenu mensuellement au gré d’humeurs avant le paiement. Et pourtant, les écarts entre les salaires hommes et femmes dans le monde atteignent 20% en défaveur des dames pour un travail égal.
La résiliente est de retour, ses collègues ont mangé. Elle ressort aussitôt pour prendre son propre repas. Elle a opté pour une consommation sur place car elle avait besoin d’avoir accès à des toilettes. Une fois dans les toilettes du restaurant, elle se plongea dans les poches de son sac à main, ce fidèle compagnon de toutes les femmes du monde. Cette adorable femme sortie depuis le lever du soleil s’apprêtait ainsi à affronter une veille au travail. L’instant unique du repas lui permettait d’échanger quelques mots avec ses enfants et son époux afin que ceux-ci aient le nécessaire pour la soirée et qu’ils se fortifient mutuellement. Jusqu’au prochain jour, elle a tout assumé à merveille, avec des collaborateurs motivés. Cette femme en règle n’est rentrée que le lendemain dans la soirée, son Directeur était déjà parti à nouveau.

Quand elles ont enceintes, les souffrances ne s’atténuent pas malgré le poids de la pérennité de l’humanité qu’elles portent. Selon l’Organisation internationale du travail(OIT), « seulement 41,1% des mères de nouveau-nés perçoivent une allocation maternité et 83 millions de nouvelles mères ne sont pas couvertes.»

D’un secteur à un autre, le travail décent et diverses formes de violences sont imposés aux femmes dans l’exercice de leur fonction. En Afrique subsaharienne, les femmes assurent 80% de la production de denrées alimentaires dans un secteur agricole globalement douloureux.
Le monde entier s’unit progressivement pour améliorer les conditions existentielles des femmes et garantir leurs droits. Cet élan de justice sociale s’étend à une sécurité totale des femmes en familles et à l’échelle de la société tout entière. 71% de toutes les victimes de la traite des humains dans le monde sont des femmes.

En Côte d’Ivoire, depuis le 25 novembre, la Député de la commune de Cocody, Yasmina Ouegnin, a initié un programme de sensibilisation et de formation, dont l’apothéose sera le 10 décembre, journée mondiale des droits de l’homme. Plus de deux semaines d’activisme avec des volontaires, des spécialistes, à l’écoute des victimes et mobilisés pour outiller hommes ou femmes au respect mutuel.