Célébré par le monde, il ne manque plus que la reconnaissance des siens et la pérennisation de son oeuvre. Un début de prise de conscience scintille avec les Universités ouvertes de la Société civique africaine. Le prix Afrique Consciente vient d’être décerné à l’homme qui arrête le désert, Yacouba Sawadogo. Les promoteurs de l’événement veulent réparer une erreur bien commune sur le continent : regarder les héros locaux et la créativité mourir sans reconnaitre à leur juste valeur ces mérites et efforts consentis pour la société.
Couronné prix Nobel alternatif 2018, l’action de l’homme a également été récompensée par le prix des Nations unies « Land for life ». « Mais peut-être que nous-mêmes qui les premiers devrions le célébrer, nous ne le faisons pas assez », déplorent les promoteurs. Une prise de conscience pour une Afrique plus consciente s’élève sans attendre les gouvernements.
Dans son pays d’origine, le Burkina Faso, s’est encore la persécution. Après une quarantaine d’années passées à ériger une forêt pour contrer l’avancée du désert dans le Yatenga, province aride au nord du Burkina Faso, Yacouba Sawadogo regarde impuissant le fruit de ce dur labeur détruit avec l’aval des autorités locales. Lors d’une visite au viel homme mi-mai, un député a pu constater la menace qui risque d’abattre toute cette forêt. Les formalités administratives pour la sécurisation de ces terres reboisées connaissent des tournures complexes. Les gouvernants tardent… Pis, la Mairie de la localité lotit et parcelle la forêt, dénonce l’opinion publique. Des espèces rares menacées d’abattage.
Pour le député Moussa Zerbo, « permettre que des gens détruisent cette forêt qui symbolise l’espoir, c’est une grande honte pour notre pays ». Le parlementaire se dit choqué que la municipalité et autres autorités administratives autorisent la destruction de cette forêt. Un processus enclenché depuis 2013, date du lotissement. Pays sahélien, le Burkina Faso fait la une de l’actualité écologique depuis quelques mois pour des actions contre les forêts. Incongruité ! Une forêt classée, celle de Kua est déclassée pour la construction d’un hôpital. Une aberration, crient les populations locales alors que le pays est menacé par la désertification.
Cette énième récompense d’envergure internationale fera peut-être changer le cours des choses.
Yacouba Sawadogo ne se laisse pas abattre face à la folie des hommes et des intérêts mesquins. Il entretien sa pépinière. Espérant que le réveil de l’Afrique notamment des siens ne soit pas trop tardif. « Sawadogo », veut dire tombeur de pluie en langue locale, « maître des éléments de la nature», plus généralement. Agé de 73 ans, c’est un acteur crédible du développement durable en Afrique. L’immensité de son savoir n’est pas encore su par la jeunesse.
Pour Gilles Atayi, initiateur de cet engagement, « Il faut célébrer nos héros. Il faut les reconnaitre et il faut les honorer. »