« Vous n’y trouverez pas Picasso, ni Ousmane Sow. Mais, vous serez séduits quelque part dans le village », rassure Louis, un visiteur régulier de la ville de Grand-Bassam. Chaque fois qu’il est de passage dans la ville balnéaire, cet amateur d’art ne manque pas de faire un tour au Village artisanal, un marché d’une centaine d’artisans logés à l’entrée de la vile. Une vitrine qui dit : « Akwaba(bienvenue) à Bassam, ville touristique aux multiples richesses ». Séductrices !
Après le confinement dû au coronavirus couplé aux crises pré et post électorales de la présidentielle ivoirienne d’octobre 2020, le tourisme et l’industrie culturelle ressentent singulièrement les stigmates de ces épisodes. À travers la Côte d’Ivoire, entreprises, employés, travailleurs indépendants, commerçants, acteurs des secteurs de la culture subissent le ralentissement de leurs activités respectives. Tous espèrent une embellie depuis l’économie locale et tant mieux l’environnement global les dépenses pour la consommation durable.
Au village artisanal de Grand-Bassam, les expositions se font chaque jour quand bien même les achats sont à compte-gouttes, marque de la résilience de ces artisans dans une localité mis à l’épreuve par plusieurs événements malheureux ces dernières années: attentat meurtrier en 2016, inondations régulières, incendie… Ces événements ont fortement contribué à la baisser du flux de visiteurs dans la ville historique. Patrimoine UNESCO dès la traversée au quartier entre océan et lagune.
Au-delà, la visite de ce jour au Village artisanal motive le désir de repartir avec des présents à offrir en cette fin d’année. On y trouve pas que des objets de décoration, en effet. Des œuvres utilitaires naissent chaque jour ici. Certes, stands après stands, l’impression du déjà vu peut gagner les habitués. Mais, il faut avoir l’œil et de la patience pour découvrir des pépites.
Au bout d’une quinzaine de minutes à sillonner les stands, nous arrivons chez Bachirou. Le sieur est vêtu d’un jeans délavé et d’un débardeur grisâtre. Il relaxe dans un fauteuil en bois, une de ses oeuvres. Une chaleur de plomb tempête sur les nerfs. Les clients sont rares. Bachirou sursaute quand il entend des voix. Et comme si cette bruyante éruption lui avait appliqué des chatouilles, il sourit. Sur place, on découvre des sculptures, parures, tissus locaux…et cet objet en forme de balle de handball. Une boîte à bijoux ? « Non », répond tout net son créateur.
« C’est un sceau à glaçons – une glacière – fait de matières végétales ». Deux modèles différents juxtaposés. « Celui-ci est fait à partir d’une noix de coco décorée et l’autre, plus travaillé, est recouvert de trois types de bois différents : le bété, le difou et le sapin », détaille le sculpteur. Un prodige du matériel de récupération.
Selon Bachirou, le premier modèle peut conserver des glaçons pendant six heures de temps quand le second va jusqu’à 24 heures de conservation. Une découverte qui permet d’effectuer des économies dans la gestion d’appareils frigorifiques et agir de façon écoresponsable. En Côte d’Ivoire et dans plusieurs pays africains, les produits électroménagers et autres appareils, dont des voitures d’occasion, rejetés pour leur désuétude et leurs conséquences négatives sur l’environnement remplissent les marchés et les domiciles. La réduction de la consommation d’énergie et la lutte contre la pollution passe par des gestes simples au quotidien à tous les niveaux de la vie, pourtant. Mais, les réflexes polluants sont persistants.
Belle et pratique, la glacière bio de Bachirou peut être emportée pour le camping, au bureau ou dans n’importe quel endroit pour garder auprès de soi une source de fraîcheur naturelle en ces temps de chaleur caniculaire, marque du réchauffement climatique.