Débutés le lundi 17 juin, les examens du brevet d’études du premier cycle (BEPC) prennent fin ce vendredi. Un vaste système de corruption accompagne les examens et concours en Côte d’Ivoire, dénoncent les populations. Cette immersion révèle sa persistance depuis le premier diplôme du secondaire.

« La grande finale ». C’est par cette expression que les acteurs du système scolaire désignent ce dernier jour de composition. Les épreuves du BEPC s’achèvent. Dans les centres d’examen, tous, élèves, enseignants se mobilisent pour ne pas être sur la touche ce jour. Au secrétariat, la discrétion est beaucoup plus de mise bien que le bateau de la corruption soit commun.

« Les élèves devront jouer toutes leurs cartes pour limiter les dégâts » confie cet enseignant-surveillant, qui rajoute avec un sourire narquois, « ça sera encore l’occasion de s’en mettre plein les poches ».
La tricherie et la corruption font corps avec les examens et concours en Côte d’Ivoire sous différentes formes insiste l’opinion publique. Et, nombreux sont ceux qui s’y conforment pour bénéficier des droits fondamentaux. L’examen du BEPC est le tout premier du secondaire. L’obtention de ce diplôme permet d’envisager l’accès à la fonction publique et à l’armée. Dont, bon nombre de citoyens sont friands ! Plusieurs reformes avec l’uniformisation des coefficients ont visé l’amélioration du niveau d’éducation formelle. Toutes choses entachées par cette tricherie et la corruption qui ont émaillé l’examen. Voir aussi [Enquête-1]

Support numérique

‘’ STOP !!!  À l’occasion des examens de fin d’année, les supports de communication sont strictement interdits dans les centres de composition. ‘’ Cette inscription est marquée en caractère d’imprimerie à l’entrée des centres d’examens. Mesures illusoires ! Les supports de communication se retrouvent dans les centres d’examens bel et bien. Les élèves, les filles surtout ont eu l’ingénieuse idée de les mettre là, où personne ne viendrait les chercher. Dans certaines écoles, au nord-est, dans le région de Gontougo, la mesure n’est pas appliquée, les élèves ont accès à leurs smartphones dans les salles de composition.

Pour deux milles(2000) FCFA des enseignants permettent aux élèves de consulter leurs messageries. Seulement, le téléphone devra faire la navette entre sa cachette -le caleçon- et le champ de vision. Des promesses de bières offertes bercent cette ivresse de tricherie et de corruption.

Un vaste réseau pour la fraude

Les parents, les acteurs et les élèves sont tous impliqués dans ce vaste réseau de tricherie. Chaque ramification a une méthode qui lui est propre.

Il est 7h dans le Sud-Comoé, les élèves affluent vers les salles. Dans ces villes, certains ont des parents «avant-gardistes». Des attaches sont prises avec des enseignants, des membres des Secrétariats ou avec l’un de leur proche. Il faut s’y prendre tôt dans ce réseau.
Ainsi chaque parrain, identifie la salle de l’élève qui doit bénéficier de largesses. Puis, un enseignant est commis de traiter les épreuves à la place de ce dernier. Dans cette option, le plan commun consiste à contacter des enseignants pour l’achat de leurs compétences, afin qu’il se substitue subtilement à l’élève. Avec la couverture du Secrétariat d’examen bien-sûr. Des parents déboursent plus de 80.000f pour que leurs enfants soient dans ces bonnes grâces. Une fois en salle, les concernés reçoivent le corrigé des différentes épreuves, « 30 min après le démarrage des compositions quand tout marche bien » rapporte un intégré à la chaîne.

Les élèves ont compris cela, et chacun multiplie ses chances avec ses moyens. Cette génération que des auteurs qualifie de « jeunesse insolente » aime le cash. Elle n’a peur de rien. Et porte en horreur l’idéalisme.
Ainsi, une autre voie s’ouvre à la corruption. D’autres élèves composent avec le surveillant en toute sympathie. C’est avec lui qu’ils traitent tout directement, sans le Secrétariat, « des plus nantis ». La pratique consiste à faire cotiser les élèves dans les salles d’examen. En retour, le sujet est diffusé dans un groupe d’un réseau social avec des enseignants. Un bataillon spécialisé pour chaque discipline est prévu.Voir aussi [Enquête-2]

Il est 7h54min(voir illustration), l’épreuve du jour a déjà fuité. Elle s’appelle pourtant, Education aux droits de l’homme et à la citoyenneté(EDHC).
Comme rapporté sur Afrique Pacifique, ce jeudi 20 juin, plusieurs autres compositions ont fait l’objet de corrections pendant leur déroulement. L’acheminement du corrigé se fait par le même canal d’envoi.
Les plus démunis et moins sûr d’eux, ont aussi leur méthode. Ces élèves reçoivent des sujets corrigés par messages de contact personnel. Cependant, pour la retranscription sur la copie officielle, ils négocient avec le surveillant.

Le Sud-comoé est une région voisine du district d’Abidjan. Dans la mégapole pas de négociations. Ce chef de secrétariat à Port Bouët est ferme. Chaque surveillant le rançonne à hauteur de 5000FCFA.

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Une immersion révèle la correction de cette épreuve pendant son déroulement