Le travail décent est une denrée rare en Côte d’Ivoire. Seulement 6,4% des personnes bénéficient de ce droit humain, excepté le fonctionnariat. Et pourtant, les encouragements à entreprendre coulent sur les lèvres des dirigeants dans un environnement médiatique élogieux.
Parmi les tamboureurs de l’entreprenariat précaire, le Secrétaire d’État ivoirien en charge du budget tient à faire bonne figure. Il annonce la création de « 7 000 emplois formels chaque mois » en Côte d’Ivoire. Ce qui permet d’aboutir à quelques 84 000 emplois annuels créés, soit moins de la moitié d’une vieille promesse de campagne.
Qui s’en souvient d’ailleurs ? Cependant les capacités décisionnelles des citoyens évoluent bon an mal an.
Des institutions internationales marquent une insistance moins reluisante. Le dernier rapport de la Banque africaine de développement (2018) indique que le taux de chômage sur place est compris entre 70 et 90%. Le débat a été vif à ce niveau !
Mais voici que, l’OCDE déplore par ailleurs une forte proportion d’emplois informels. « Un véritable fléau » interpelle l’organisation. Pour un pays qui compte parmi les locomotives de l’économie d’Afrique Subsaharienne, ce serait appel à un leadership impactant. Mario Pezzini, directeur du Centre de développement de l’Organisation de coopération indique qu’il y a 93,6% des emplois en Côte d’Ivoire totalement informels. Exception faite de la Fonction publique. Alors, seulement 6,4% de travailleurs ivoiriens entrepreneurs, artisans, commerçants et autres ont un emploi formel. Ils sont d’ailleurs les plus nombreux. Selon ce haut responsable de l’OCDE, des milliers de personnes sont confrontées à la vulnérabilité sur le sol ivoirien du fait de l’informalité de l’économie.
Cette situation est une des plus farouches entraves du développement inclusif et de la protection sociale, réalités encore attendues dans le pays après des années de croissance économique saluée à travers le globe. En Côte d’Ivoire, vu cet environnement économique et professionnel mafieux, celui qui pose les conditions d’un emploi décent est traité soit de chef d’entreprise «gaou», ou au postulant on dira avec dédain: « tu ne cherches pas vraiment travail ».