Un autre coup de pioche pour creuser davantage le fossé entre riches et pauvres en Côte d’Ivoire. Alors que l’inclusion financière traine et le taux de bancarisation demeure faible, la voie est tracée pour réduire la banque aux riches comme soutient un adage. Une nouvelle création fait son entrée dans le paysage de la finance à Abidjan ; une banque exclusivement dédiée aux millionnaires. Ils augmentent comme les fumoirs, le déboisement, l’orpaillage clandestin, les pertes en vies humaines lors d’élections et la prostitution.

Son initiatrice, la Société générale. Elle déploie son agence de banque privée orientée vers les millionnaires locaux avec des avoirs et actifs de plus de 300 millions F CFA.
En 2018, 2 500 millionnaires ont été dénombrés dans ce pays où le taux de pauvreté surfe au-delà des 40% depuis plus d’une décennie malgré la croissance économique remarquable. Le nombre de millionnaires devrait d’ailleurs augmenter voire doubler sur les cinq prochaines années. Un marché prometteur. Pas besoin d’être économiste pour entrevoir la rude concurrence que vont se livrer les banques locales sur cette niche.

Pour quel impact durable, si les Objectifs du développement durable(ODD) intéressent les banques. D’ailleurs, plusieurs d’entre elles installées en Côte d’Ivoire sont réputées pour d’énormes financements en faveur des énergies fossiles et de l’industrie polluante. Championnes des séminaires sur la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE)…

Avec le peu de millionnaires actuels, le taux de bancarisation peine à atteindre les 20% sur l’ensemble du territoire. Les services bancaires dans leurs diversités sont encore étrangers à des milliers d’ivoiriens en ville comme en campagne. Les établissements financiers qu’elles parrainent proposent des taux de remboursements pour millionnaires. Mirobolant!

La nouvelle banque pour les riches arrivent au moment où le gouvernement lance sa stratégie d’inclusion financière et son programme social. Priorité des priorités, « améliorer l’accès aux services financiers des populations vulnérables et exclues », indique l’Agence de promotion financière. L’État souhaite atteindre 60% d’inclusion financière en 2024. Mais, avec quelles banques? Car, cette même année, un objectif parallèle pourrait intéresser les institutions financières du pays comme la Société générale, et concentrer l’essentiel de leurs énergies. Comment enrôler les quelques 5 000 millionnaires que comptera la Côte d’Ivoire…Pour une économie d’échelle les entreprises optent bien souvent pour des offres sectaires méprisantes à la limite. Ce, au grand détriment d’un impact créatif et durable.

Puis, en excellents médecins après la mort, elles prétendent réhabiliter des orphelinats et pompes hydrauliques, comme c’est le cas en ce moment avec la Société générale dans un orphelinat à Grand-Bassam. Mais d’où viennent cette pauvreté et ces orphelins? La RSE invite pourtant à une stratégie durable, qui garantit aux entreprises un profit total et responsable.