« L’assurance est une nécessité pour tous ». Mais dans ce pays qui caracole avec le slogan de « l’émergence » et l’une des meilleures croissances au monde, être assuré est un luxe qui peut virer au calvaire. Moins de 5% des ivoiriens sont impactés par le secteur des assurances. Et, le taux de pénétration est évalué à 1,7% par les acteurs locaux avec une moyenne sous-régionale de 4%.
Tout corrobore pour un festin macabre
La taux de bancarisation s’estime à moins de 20% et le niveau de pauvreté touche 46% des populations. La panoplie de protocoles rapproche difficilement une forte population analphabète. Des efforts sont faits, mais à pas de tortues. Il fallut une décennie pour qu’une dizaine de personnes sur la centaine bénéficient des services bancaires. Les quelques usagers privilégiés se plaignent régulièrement de la qualité des prestations des assureurs. « J’ai été victime de malversation. J’ai manqué de peu de faire un infarctus » relate une cliente prise dans les filets d’une banque-assurance.
Entres autres griefs soulevés, la lenteur des sociétés d’assurance dans le traitement des dossiers, principalement les accidentés de la route, le rejet par les médecins-conseils des sociétés d’assurance des examens et ordonnances prescrits par les médecins-traitants des assurés. « Après quatre mois de soins à mes frais, je me rend à l’assurance pour indemnisation. On me demande de prendre attache avec un médecin conseil de la boîte pour une expertise médicale qui permettra de déterminer le montant de l’indemnisation (…) sept mois après l’accident je ne suis toujours pas indemnisé » rapporte une autre victime du secteur. Un refus des assureurs de garantir l’accès au soins de santé par une suspension du « tiers payant » a soulevé une forte grogne sociale avant sa suspension.
En réponse à ces prestations qui ne rassurent pas, le gouvernement a pris des mesures pour assainir le secteur et le rendre plus performant. Les sociétés d’assurance devront dorénavant justifier d’un capital social d’au moins 5 milliards Fcfa dont 3 milliards devront être libérés avant avril 2019, informe le ministère de tutelle.