C’est décembre, alors que les populations s’attendent à l’harmattan, des chaleurs agressives et des pluies subites s’alternent. La terre éburnée perd ses éléphants et ses forêts en cascade. Ici à Mayo, localité située au sud-ouest de la cosmopolite Côte d’Ivoire, la poussière rivalise avec la zone des savanes dans le nord. La route fait défaut et pourtant cette terre abreuve l’économie nationale. Les communautés locales se réjouissent d’un état acceptable en comparaison à la côtière, un autre axe d’intenses échanges économiques débouchant sur le port de San-pédro.
Les plantations d’hévéa se succèdent le long du chemin. Souley, notre guide, exprime ses regrets face à la destruction massive de la forêt au profit de cultures agricoles extensives. « C’est l’une des premières zones à avoir adopté la culture de l’hévéa en Côte d’Ivoire dans les années 90. Depuis, des centaines et des centaines d’hectares de forêts ont été détruits pour laisser pousser tout ça(…)». Mayo fait aussi partie de la région cacaoyère de la Nawa. Une autre culture avec des pratiques séculaires qui accroissent la destructions forestières, explique ce natif. Mayo, est une commune du département de Soubré, fleuron national d’une production agricole intense, dans un pays ou les agriculteurs génèrent suffisamment de revenus pour une famille sur cinq. L’un des illustres fils de la région est d’ailleurs en tête du portefeuille ministériel des eaux et forêts. Biberonné comme de nombreux cadres par le fruit de ce labeur d’une frange encore extrêmement vulnérable. Pour laquelle, se soigner, scolariser les enfants s’avère un luxe. Une grande majorité d’agriculteurs peine avec un euro au quotidien. Pis, ils sont paradoxalement les principales victimes de dénutrition.
La raréfaction des ressources forestières est dorénavant actée dans la région à l’image de la situation nationale. La Côte d’Ivoire n’est plus un pays forestier, font savoir les autorités gouvernementales. À Mayo, il convient dorénavant d’éduquer les populations à la protection de l’environnement. Dans ce village du ministre des eaux et forêts, Alain Donwahi, par ailleurs président du Conseil régional, et dont l’épouse administre ladite cité, le sursaut pour des pratiques durables bourgeonne dans l’intellect.
À l’entrée de la localité, un vaste espace a été aménagé par le Conseil régional. Ce bas-fond qui s’étend à perte de vue accueille des rizières. Certes, la démarche vise à lutter contre l’insécurité alimentaire sur place. Mais, c’est aussi une manière d’occuper les populations avec cette culture vivrière cyclique pour des revenus réguliers. Les forêts peuvent ainsi être épargnées, espère Souley. La jeunesse et les femmes se sont investies dans ce projet. Plusieurs disposent d’un casier en culture.
Les constructions publiques donnent également le ton vers l’éco-responsabilité. Ici, l’hôtel de ville, les logements de fonctionnaires offerts par les cadres, le collège, le commissariat, sont en terre cuite. Le modèle séduit. Certaines personnes sont décidées à construire leur domicile ainsi. « Si un jour j’ai les moyens, je vais construire ma maison avec ce type de matériaux », confie Véronique depuis son salon de coiffure.
Dans ce quartier qui abrite l’essentiel des établissements scolaires, une autre réalisation se déploie. Sur le chemin du collège, des variétés diverses d’arbres poussent. C’est une aire protégée érigée en plein centre-communal, comme pour traduire un geste d’exemplarité, notamment aux collégiens qui passent par là matin et soir. Le réchauffement climatique talonne avec agressivité, planter un arbre et protéger l’environnement, c’est contribuer à la préservation des ressources naturelles de la région et du pays.