Comme le riz local, le poisson issu de la pêche locale est insuffisant sur les marchés en Côte d’Ivoire et dans plusieurs États d’Afrique garnis d’opportunités maritimes. Cher, se plaignent les consommateurs. Difficile à trouver dans les eaux, rétorquent des pêcheurs à Abidjan et Grand-Bassam, deux villes du littoral ivoirien. Mais les catastrophes se multiplient dans le secteur.
La lagune Ébrié est très polluée. Près de 23 tonnes d’eaux usées et autres matières oxydables sont déversées dans ce plan d’eau exceptionnel, par la seule action des industries, estime l’OMS. À cela s’ajoute un système d’assainissement urbain à destination de la lagune. L’organisation mondiale de la Santé déconseille de se baigner dans cette lagune. Quid de la sécurité des produits issus de cette eau, s’inquiètent naturellement les consommateurs.
Des milliers de poissons flottent sur l’eau. Inertes. Des cadavres étendus sur une surface estimée à environ un kilomètre et demi (1,5). Un « phénomène inhabituel », indique le Préfet d’Abidjan, en début de la saison estivale 2019. Des résultats rassurent qu’il n’y a pas de craintes d’intoxication. Mais, au-delà de la sécurité alimentaire, les défis environnementaux sont réels en Côte d’Ivoire comme menaces insidieuses. Une urgence dans laquelle certains se la coulent douce. Sur les rives ivoiriennes plusieurs espèces halieutiques périssent consécutivement souvent aux mêmes périodes. La forêt ivoirienne est déjà en souffrance et plusieurs espèces sont menacées sur l’ensemble du territoire national. Dans le sud du pays, la prédation mercantile augmente et se diversifie sur les cours d’eaux. Pêche illégale, extraction minière, industries de transport, cimenteries et autres… Extraction de sable et cimenteries atteignent des pics d’exploitation, sur la perle des lagunes. L’impact environnemental de cette urbanisation et industrialisation galopantes ne soulève aucune sensibilisation massive.
La question des ressources halieutiques notamment du poisson est une problématique cruciale dans la sous-région ouest-africaine. En Gambie, au Sénégal et en Mauritanie, un autre phénomène inquiétant pend à l’hameçon et menace la sécurité alimentaire et environnementale. Dans ces trois pays, plusieurs usines de transformation de poissons en farine ou en huile se sont installées depuis quelques années. La Mauritanie en compte plus d’une trentaine, le Sénégal six et la Gambie trois. Ces installations industrielles raflent la majeure partie des poissons pêchés y compris ceux destinés aux marchés de consommation. Poissons entier, alevins, tout y passe bien que les abats peuvent servir pour la farine par exemple. Des activités intensives alors que les ressources halieutiques subissent une diminution dans les eaux de ces trois pays, alarment Green Peace et l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
Ainsi, le poisson qui doit servir à la consommation locale est détourné par les usines moyennant quelques billets filés aux pêcheurs. Transformé ensuite et exporté vers l’Europe ou l’Asie pour nourrir des poissons dans les élevages. Lesquels poissons sont importés à hauteurs de nombreux milliards par les gouvernements africains. Incongru !
Une double action négative sur l’environnement. Des associations de pêcheurs locaux critiquent comme elles peuvent cette exploitation fossile des ressources halieutiques et la pollution environnementale orchestrée par ces usines prédatrices avec leurs complices. Elles rejettent dans la nature des déchets toxiques et entretiennent leurs profits avec des techniques rudimentaires critiquées dans leur pays d’origine au mépris des conventions ratifiées par les gouvernements.