C’est la rentrée scolaire en Côte d’Ivoire. Le moment choisi par l’UNICEF pour publier un rapport sur les violences subies en ligne par les jeunes. « En Côte d’Ivoire, un jeune sur quatre – âgés de 13 à 24 ans- dit avoir été victime de harcèlement en ligne », lit-on dans le communiqué de presse de l’institution. Près de 3/4 des 35 000 jeunes sondés déclarent avoir été victimes de harcèlement sur les réseaux sociaux. D’après ce sondage, un élève sur cinq a manqué l’école du fait du cyber harcèlement et de la violence.

L’organisation onusienne de défense des droits des enfants insiste sur un phénomène qui n’est, au final, pas réservé qu’aux seuls pays du nord. Cependant, si en France ou en Angleterre, des adolescents se sont suicidés, hantés par le cyber harcèlement, aucun cas similaire n’est encore déclaré en Côte d’Ivoire.
Les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets, certes, mais l’approche des urgences relatives à la cyber sécurité doit se faire en fonction des spécificités de chaque société, recommandent les mécanismes pour garantir les ODD. Ce que ne dément par l’UNICEF. « Pour améliorer l’expérience qu’ont les jeunes de l’éducation, il faut prendre en compte l’environnement dans lequel ils évoluent en ligne ainsi que hors ligne », reconnaît l’organisation.

À Abidjan, d’autres formes de violences en ligne dominent l’actualité. Les sex tape sont reprises jusque dans les médias. Des adolescents exposés au vuvuzela médiatique qui amplifie ces dérapages. Des présumés modèles de la jeunesse jouissant d’un battage influencent l’éducation sociale. Ils s’appellent aussi «influenceurs». Les sponsors pour accompagner ces troupes multiformes se bousculent.

Quelles normes de protection de données et de tris de publications sur internet quand 33% des jeunes interrogés ont vu leurs photos et vidéos publiées sur internet sans leur accord ? Le rôle des pouvoirs publics est plus perçus dans les conflits d’intérêts politiciens que civiques. La jeunesse évoque des responsabilités partagées à divers niveaux face aux violences multiformes subies sur internet. Au sein desquels, il faut puiser des réponses vigoureuses. En effet, « environ 42 % des sondés estiment que cette responsabilité incombe aux pouvoirs publics, 26 % aux sociétés du secteur d’Internet et 20 % aux jeunes eux-mêmes ».

L’éducation à l’usage des réseaux sociaux est un défis important en Afrique. Les normes et pratiques déontologiques sont peu appliquées par les médias classiques. A fortiori, l’internaute activiste ou le commun des millions d’internautes. 62% des jeunes ivoiriens interrogés ne savent pas vers qui se tourner en cas de violences subies en ligne.

L’incivisme profite des brèches et s’incruste. Des injures, obscénités ou des appels à la violence choquent la vue au quotidien dans le fil d’actualité sur internet et les différents réseaux sociaux. Une justice partisane invente les codes d’un désordre admis.

Silence ! Ne dites rien, au risque de subir le courroux de la toile. Le « malparlage », un mélange d’injures, d’atteinte à la vie privée ou d’obscénités surfe sur les claviers. Tout le monde en rit, presque. Un péril organisé, noie l’opportunité de la révolution numérique pour ces pays déjà vulnérables malgré les efforts de plusieurs citoyens.