En Côte d’Ivoire, c’est aussi la rentrée scolaire. La commune choisie pour l’ouverture officielle de cette année académique 2020-2021 s’appelle Bongouanou. Son lycée moderne a vu grandir l’Inspecteur d’Etat Ahoua Ndoly Théophile. Par ailleurs, cette région, le Moronou, accueille simultanément le président sortant, en précampagne, Alassane Ouattara. Après quatre jours d’intenses activités politiques dans la région, la ministre Kandia Camara, Secretaire Générale du parti au pouvoir donne le ton pour une année « sans tricherie ». La propagande et l’école ne font pas bon ménage, a toujours défendu Kandia Camara. Lors de cette coïncidence impassible, l’ouverture solennelle de l’année académique nationale s’articule autour de violentes protestations à Abidjan sous fond de fraudes électorales.

Une rentrée, cent dangers !

Des autobus caillassés et brûlés pendant l’appel à l’assiduité lancé avec insistance par la ministre de l’éducation nationale, Kandia Camara. Avec l’un de ces véhicules saccagés, les élèves d’Abidjan peuvent découvrir le Moronou en 3 heures de route. L’Adya bia, chaise de commandement, pourrait-on résumé est au centre des enjeux.

Riche terre du cacao et de l’or, en Côte d’Ivoire, plus de 330 000 élèves du primaire parcourent au moins 3km pour assister à des cours. Les conditions de mobilité sur l’ensemble du territoire complexifient l’accès à l’éducation. Mais, encore une fois, les divergences politiques et la contestation réduisent le nombre d’autobus par les saccages qui en découlent.

En effet, la veille de la rentrée scolaire, des candidats à l’élection présidentielle ont tenu plusieurs activités politiques, dont Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié.

Une triste nouvelle, un citoyen activiste gicle après une agression à l’arme blanche. Le nommé Samba David, emprisonné précédemment avec des suspicions d’empoisonnement et de mauvais traitements. Tiken Jah Fakoly, cet artiste qui avait soutenu l’avènement au pouvoir des opposants Alpha Condé et Alassane Ouattara s’avoue désabusé. « Il y a beaucoup d’injustices et d’inégalités(…), les prisonniers politiques doivent être libérés. Les prisonniers de la crise préélectorale doivent être libérés.», reconnaît Tiken Jah, pour mener le combat de la libération de ces détenus. Le reggaeman résident au Mali se trouve au cœur d’une Afrique de l’ouest où la déception des classes politiques gangrène la communauté. Dans ce pays précité, l’année blanche devient une seconde discipline à cause du cafouillage politique et éducatif.

La lutte contre la tricherie à l’école portée par les dirigeants politiques dans leurs discours, c’est fréquent. Mais IBK, ADO, Alpha Condé se retrouvent mêlés à des scandales avec la tricherie en trame. Des résultats électoraux traficotés, des citoyens privés de leur droit de concourir lors des élections, des professeurs de droit corrompus.

Le soulèvement du peuple au Mali débouche sur un président chassé du pouvoir avant le terme de son mandat. IBK ne termine pas son année scolaire politique à cause de la corruption et des tricheries lors des législatives, en grande partie. En Côte d’Ivoire une passation pacifique du pouvoir pourrait faire l’objet d’un challenge. Elle ne s’est jamais produite. Ce moment ordinaire devient presqu’insolite. Le pays donne la nationalité au tricheur Blaise Compaoré, chassé du pouvoir avant IBK. En Guinée, autre pays voisin, le rêve d’une alternance démocratique pacifique se transforme en cauchemar.

Ces hommes politiques pour la plupart sortent d’écoles occidentales mais réfléchissent tant de médiocrité sur le système éducatif en Afrique. Plus de 6,8 millions de personnes croupissent en attente d’une aide humanitaire au Mali. Des centaines de milliers d’enfants sont exclus de l’accès à l’éducation. La CEDEAO ne sait pas sanctionner, en amont, pour éviter les tricheries et les cycles de violences. « La Secrétaire générale de la Francophonie, Louise Mushikiwabo a désigné Son Excellence Monsieur Cheikh Tidiane Gadio, de la République du Sénégal, Envoyé spécial pour le suivi de la situation au Mali », rapporte l’Organisation internationale après avoir dénoncé des tricheries sur la liste électorale en Guinée, sans coercition. C’est tout un ensemble de fondements institutionnels à réinterroger pour transmettre aux futures générations une humanité affranchie et pacifique. « La véritable paix n’est pas seulement l’absence de tension, c’est la présence de la justice », rappelle Martin Luther King. Qui répondra présent à cet appel historique lors de cette rentrée ?