En France, l’Association des professeurs de sciences économiques et sociales (APSES) désapprouve le calendrier des examens et lance un appel au rassemblement ce 25 janvier, avec plusieurs associations de professeurs et les syndicats, mobilisés et solidaires. Pour l’APSES, plusieurs inégalités de réussite scolaires découlent de la programmation des épreuves « finales » du baccalauréat les épreuves en mars 2023. « Les élèves, et particulièrement celles et ceux qui ont le plus de difficultés, ne peuvent pas apprendre de leurs erreurs, assimiler les contenus et progresser : il faut aller vite, toujours plus vite au détriment de la lutte contre les inégalités de réussite scolaire », proteste l’APSES.
Le communiqué :
Épreuves écrites du bac : mars et crève !
Malgré les alertes répétées de la communauté éducative, depuis bientôt 3 ans, le Ministère s’entête : les épreuves « finales » de spécialité du baccalauréat sont programmées du 20 au 22 mars 2023, bien avant la fin de l’année scolaire. Pour évaluer les effets de ce calendrier, l’APSES a mené une enquête sur la préparation des élèves 9 semaines avant les épreuves de spécialité. Comme l’année dernière, à la même période, les résultats sont inquiétants et révèlent les difficultés structurelles de ce calendrier absurde (voir la synthèse de l’enquête 2023).
Une course contre la montre pour terminer le programme au détriment des entraînements
Même si fin septembre, le ministère a réagi tardivement en supprimant un chapitre sur les 8 exigés initialement, ce qui a d’ailleurs exclu 8 000 élèves de ce dispositif, 1/3 des professeur·es ont un retard d’au moins un chapitre dans le traitement du programme par rapport au rythme imposé par ces épreuves précoces. Pire, la préparation méthodologique aux épreuves est dans une véritable impasse : 57 % des professeur·es n’ont pas pu organiser d’épreuves blanches de 4h, et 54% des collègues ont même renoncé à l’organisation de certaines évaluations pour avancer dans le programme. Par ailleurs, alors que cela faisait avant la réforme partie de pratiques pédagogiques courantes, 67% des enseignant·es ont renoncé cette année à des exercices de remédiation et 57% déclarent renvoyer à la maison (par des polycopiés, des vidéos) des points de programme par manque de temps. Avec le bac en mars, les élèves, et particulièrement celles et ceux qui ont le plus de difficultés, ne peuvent pas apprendre de leurs erreurs, assimiler les contenus et progresser : il faut aller vite, toujours plus vite au détriment de la lutte contre les inégalités de réussite scolaire.
Un calendrier absurde et une perte de sens pour les enseignant·es
Les enseignant·es se retrouvent ainsi dans une forme de travail empêché : près de 2/3 des collègues sont peu satisfait·es voire très insatisfait·es du travail réalisé. Ce calendrier absurde génère ainsi des risques psychosociaux : dans notre enquête de rentrée, 67% des collègues de SES déclarent être allé·es travailler tout en pensant qu’ils ou elles auraient dû rester à la maison parce qu’ils ou elles étaient malades.
Une formation dégradée pour le choix politique du bac en mars
Dans ces conditions, les savoirs étudiés et les méthodes de raisonnement ne peuvent pas être correctement acquis par la plupart des élèves, ce qui, au-delà des conséquences pour leur réussite aux épreuves du baccalauréat et pour leur orientation dans Parcoursup, sera surtout un frein à leur réussite dans l’enseignement supérieur.
L’APSES continue de demander un report des épreuves de spécialité en juin, avec un programme adapté, pour une formation intellectuelle des élèves exigeante. L’APSES appelle les enseignant·es à se mobiliser lors d’un rassemblement organisé le mercredi 25 janvier 2023 à 15h30, rue du bac à proximité du Ministère.