Kevin s’est suicidé au domicile familial. Ce garçonnet de 10 ans pendu dans son placard laisse une famille meurtrie et une sœur particulièrement pétrifiée. Voir une telle image à cet âge, 13 ans, c’est un choc certain. C’est elle qui a été la première à retrouver le corps sans vie de son frère cadet. Aux dires de la mère, inconsolable, son fils décédé durant ce mois de janvier était harcelé dans son établissement scolaire. « Il n’en pouvait plus et avait le sentiment d’être mis sur le côté », explique cette afro-américaine.
Nous sommes à Houston dans cette Amérique marquée par les discriminations raciales et peinte par l’esclavage. Le continent cousin, cette Afrique dépeuplée porte encore les stigmates de ce commerce étendu des siècles et qui perdure. Ce calvaire emporte entre 15 et 20 millions d’africains, déshumanisés et déportés vers l’Amérique et les Caraïbes, déracinés, reconnaît l’UNESCO.
Un bouleversement de l’organisation politique, sociale, économique, et culturelle des communautés africaines. Cependant, la Route des esclaves est encore ouverte.
À l’occasion de la commémoration de la Journée internationale des victimes de ce phénomène, le 25 mars, le Secrétaire général de l’ONU dénonçant « cette cruauté » rappelait les dangers contemporains du racisme. Et, à la Présidente de l’Assemblée générale, María Fernanda Espinosa Garcés, d’alerter qu’à l’heure actuelle, quelque 40 millions de personnes sont soumises à l’esclavage moderne. Triste destin de milliers de migrants africains en Libye, dans les pays du Golf et même en Europe. Des cas d’esclavage sexuel imposé à des femmes sont répertoriés dans ces régions. 71% des 40 millions d’esclaves contemporains sont des femmes et des enfants.
Les discriminations persistent dans le monde avec la montée de certains mouvements déplorent les hauts fonctionnaires de l’ONU. Au banquet de l’universel, tous sont pourtant attendus avec leurs richesses, culturelles notamment.
Cette année 2019, « l’année du renouveau culturel, philosophique, historique et spirituel» doit aider « les populations d’ascendance africaine à renouer avec l’Afrique ». Les pays africains ouvrent une porte du retour aux sources (Door of return) pour les descendants d’esclaves, ces cousins, et cousines de Bernard Dadié, Hampâté Bâ, Césaire, d’immigrés clandestins… Afin que, tous s’engagent comme ces valeureux fils du continent pour une solidarité active.
Le rayonnement de l’espace francophone fortement touché par la précarité et les nouvelles formes d’esclavages est une préoccupation majeure. Plus de 60% des 300 millions de locuteurs du français sont africains, par ailleurs, 5ème langue de communication entre les hommes et pont vers l’eldorado de la diversité culturelle.