Trois jours dans la Région du Gbôklè. Au menu, le repérage des sites impliqués dans la traite négrière dans le cadre du projet de revalorisation de la mémoire ancestral dénommé « La Route des esclaves ». Maurice Kouakou Bandama, dévoile le développement d’un trafic visant à dépouiller les sites de matériels historiques liés à l’époque négrière.
A en croire le premier responsable du ministère de la culture, une nouvelle forme d’explorateurs débarqueraient sur les côtes pour une chasse au trésor. Arrivé le jeudi 14 février 2019 dans la capitale du Gbôklè, Sassandra, le désamour pour ces prédateurs de vestiges s’est vite fait sentir. Le Ministre de la culture a un objectif clair. Susciter l’engouement des populations autour du projet patrimonial pour la protection et la valorisation des sites ayant enregistré l’arrivée, le parquement, ou le départ des esclaves dans la région.
Ville côtière et destination touristique aujourd’hui, Sassandra a constitué une passerelle privilégiée à l’époque de la traite négrière. Elle porte donc en son sein, les vestiges de cette ère, rappelle Maurice Bandama. Un pôle important de l’histoire de la Côte d’Ivoire et du continent africain. C’est pourquoi, le gouvernement ivoirien veut reconstituer ce visage d’une mémoire, où s’entremêlent mutations culturels, coopération et abus. « La culture est l’âme d’un peuple » s’exclamerait -Louise Sibazuri. Ce pillage des ressources identitaires mobilise l’UNESCO et des engagements forts dans ce sens ont été pris par le président français Emmanuel Macron dans le but de respecter, protéger et restituer l’âme des peuples d’Afrique. Cependant les voleurs s’appuyant sur des autochtones continuent de sévir comme confirmé par le gouvernement à défaut d’emporter ces oeuvres de l’esprit comme butin de guerre.
L’administration souhaite promouvoir la destination locale par le développement d’un tourisme de mémoire à l’instar du positionnement actuel de Grand-Bassam, patrimoine mondial de l’UNESCO tout en redoutant les infiltrations depuis le déploiement du projet. La conservation des vestiges de cette époque constitue le garant d’une valorisation sérieuse des sites de la traite négrière et d’une réelle profitabilité des populations, fait remarquer le ministre de la culture. Une menace plane sur ces patrimoines, l’existence de ce nouveau type de trafiquants, chasseurs des trésors de la traite négrière.
Munis de faux permis d’explorer, les quidams viennent par la mer, procèdent à des fouilles en mer et sur les rives, avant de repartir avec les objets anciens, témoins de l’ère négrière. Incognito, ils dépouillent les sites de leur substance ; la valeur mémorielle. « Exigez de tout explorateur son permis d’explorer délivré par les autorités ivoiriennes et demandez confirmation auprès du préfet avant de le recevoir », martèle le chevalier de la culture Maurice Bandama aux populations et aux autorités locales. Difficile combat !
Le taux d’analphabétisme et la pauvreté minent. L’on pourrait s’en rendre compte rien qu’à voir combien le gouvernement a du fil à retordre avec les orpailleurs clandestins et les envahisseurs des domaines naturels protégés dans plusieurs régions du pays. La loi, les procédures administratives, et les risques existent pourtant ! Un engagement massif est nécessaire. Des défenseurs de la culture il en existe en Côte d’Ivoire.
Alors que, la « Route des esclaves » et la route des faussaires se croisent à nouveau, toute l’Afrique et la diaspora se mobilisent. Initié en 1994 par l’UNESCO sous l’inspiration de Nelson Mandela, ce projet continental vise à créer des lieux de mémoire pour les descendants d’esclaves et les pays qui ont connu ce phénomène. Car, dans la mesure de leur possibilité, « les générations futures doivent se souvenir de l’histoire », gage d’un meilleur lendemain.