Sur les tarmacs de chaque aéroport lors des rencontres internationales, dans ce parterre de costumes sombres, un éclat émerveille, c’est le Faso Danfani. Soro Bis, Styliste authentique et engagé affiche autant dans le ciel américain qu’africain, la luminescence de ce tissu local. Un idéal de l’élégance locale incorporé à l’artiste. Illustration concrète du TAC, de la ZLECA et de l’AGOA.

Après un concert à Central Park, New-York, abreuvé aux mamelles acoustiques de l’exploit international du Zouglou, avec le groupe Magic System, Soro Bis s’envole pour Abidjan au soir du 31 juillet.
Coïncidences des persévérances. La 8ème édition du Traité d’amitié et de coopération(TAC) bat son plein à Ouaga et mobilise Abidjan, afin d’accroître la coopération socioculturelle entre ces deux pays de la famille ouest africaine. L’artiste dans ses valises transporte les boutiques d’un style vestimentaire atypique.

C’est une nécessité continentale et universelle, la burundaise Marie-Louise Sibazuri ne le dira pas deux fois : « la culture est l’âme d’un peuple ». En synergie avec les pères pionniers du développement durable en Afrique, Thomas Sankara, s’habiller est bien plus que se protéger lors des saisons climatiques ou contre l’immoralisme. Se vêtir local comme manger local sont des fondamentaux existentiels qui protègent l’environnement. Soro Bis nourrit cette non dépendance culturelle trésor de la diversité de l’humanité.

Le 5 août l’artiste arpente les rues de Ouagadougou, bluffant un public local dont il est la fierté incontestée, par sa créativité riche d’accessoires aux saveurs unanimes.
Entre deux indépendances, l’artiste s’inspire. Car, si ce jour de la célébration nationale de la fête de l’indépendance du Burkina Faso accueille le promoteur international du Danfani. Un autre moment symbolique et symphonique dès le surlendemain l’attend. La Côte d’Ivoire est habillée aux couleurs orange, blanc et vert. Cependant le défi de la valorisation des tissus locaux reste entier pour son 59ème anniversaire. L’industrie textile est pratiquement inexistante alors qu’un biotope de créateurs s’évertuent à s’exprimer lors d’évènements de mode.

La Côte d’Ivoire et Burkina trônent entre les principaux producteurs de coton en Afrique avec d’autres États sous-régionaux. Tous autant possèdent une richesse culturelle convoitée à l’échelle mondiale. Le Mali et le Bénin regorgent des trésors exploités et jalousés de partout. Si le Nigéria arrive à se hisser en tête du marché cinématographique internationale, alors, avec cette fusion impulsée par la Zone de libres échanges (ZLECA), l’industrie du textile en Afrique de l’ouest peut devenir profitable aux chaînes de valeurs locales. Roch Christian Kaboré donne l’exemple quand il scintille vêtu du Faso Danfani avec son épouse à la maison blanche. En Côte d’Ivoire peu à peu on se ressource avec ce qui reste des valeurs culturelles. Des écharpes de tissus locaux auréolent les costumes sombres. L’audace culturelle et la revendication de l’identité rescapée fait chemin.

A côté de l’AGOA, Soro Bis commence d’abord par valoriser la production locale simultanément à la consommation locale, avant son retour aux États Unis. Ce qui vaudra un défilé sur la rive balnéaire d’Assinie Mafia, au cours de la 5ème édition de Ethnik Fashion, avec ses mannequins awoulaba. Un délice.
Par ailleurs, une niche de réflexions pour l’insertion professionnelle dans cette Afrique avec plus de 40% de jeunes dans un environnement de travail à 90% informel en Afrique subsaharienne.

Avant de se ruer dans la méditerranéen, le repère culturel modèle et l’épanouissement sécurisé vendu en Afrique a bien été l’autre côté de l’océan. Là où l’être vit, s’habille décemment et trouve du succès, c’est « le pays des blancs ». Dans un monde en commun, ce rejet implicitement construit des racines africaines, commence par l’appropriation des rescapés identitaires. Sans repli, mais plutôt avec la valeur ajoutée de l’universalisation dans chaque valorisation. Pour ne pas être de trop mais apporté ce qu’on a de beau. L’Éthiopie et le Keneya hissent l’industrie textile au même rang que l’industrie aurifère ivoirienne. Plus de 5% de PIB. La limitation des importations de friperies s’avère une priorité pour ces États d’Afrique de l’est. La richesse des tissus locaux est encore inexploitée, déjà travestie en Asie.

Se radicaliser devient une bouffée d’oxygène quand cette jeunesse impatiente d’exister ressent l’étouffement. Entre ces deux indépendances burkinabè et ivoirienne, l’artiste Soro Bis plante une graine de coton, car, détenir une industrie vestimentaire locale, plus qu’une source d’emplois, incruste les marques civiques, doublées d’une autodétermination pour la beauté de la diversité universelle.