Alors que de nombreux efforts au prix de sacrifices inestimables sont fournis pour l’amélioration des droits de l’homme en Afrique, le pouvoir rétropédale. Abidjan limite l’accès à la justice internationale de ses populations dans un environnement local de règlements de comptes décennaux et pré-électoral. Cette annonce choque la communauté des défenseurs des droits de l’homme et interroge sur les progrès humanitaires.

Dans un communiqué accusateur, sans y mentionner plus de détails, le gouvernent de Côte d’Ivoire ce mardi 28 avril restreint son adhésion au protocole portant création de la Cour Africaine des Droits et des Peuples (CADHP). « Le gouvernement a décidé, le mardi 28 avril 2020, de retirer la déclaration de compétence prévue au protocole relatif à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples », souligne le communiqué.

Désavoué après deux procès populaires, sous ce régime, l’Etat de Côte d’Ivoire opte pour un retrait stratagématique pour se soustraire à cette juridiction. Le gouvernement prive les citoyens et les Organisations sociales du droit d’accéder librement à la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, mais rassure qu’il en est toujours Etat partie. Plusieurs Organisations de promotion des droits de l’homme montent au créneau et s’estiment choquées par cette reculade. « Ce retrait privera les particuliers et les ONGs ivoiriens d’un recours judiciaire précieux lorsque leurs droits sont bafoués et qu’ils n’ont pas réussi à obtenir justice devant les tribunaux de leur propre pays. Ce retrait est également une énième attaque au système régional de protection des droits de l’homme », interpelle Amnesty international. Dans ce lot de réactions marquées par des déceptions, celle de l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (ACAT-CI) avertit sur « des horizons sombres pour les droits de l’homme ». « Hélas, le long combat des combattants de la liberté tend à être malheureusement décrié. Un jour noir pour des horizons sombres pour les droits de l’homme en Côte d’Ivoire. Autant renier l’UA, l’ONU, la CEDEAO… », déplore cette ONGs investie contre la torture et les mauvais traitements. Et dire que, la Cour de justice de la CEDEAO effectuait il y a quelques mois une tournée, avec une étape en Côte d’Ivoire, pour vulgariser l’accès à la justice transnationale, .

Le gouvernement justifie sa décision par l’observation de « graves et intolérables agissements » de la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples pouvant « saper les bases de l’Etat de droit ». Sauf que, le protocole portant Statut de cette Cour mentionne en son Article 58 des propositions de procédures d’amendements émanant d’un Etat partie. Au lieu d’opter pour l’amélioration des dispositifs juridictionnels sur le continent africain, les Etats les décrédibilisent ou les infantilisent. En Afrique de l’ouest, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont choisi de restreindre les droits des Peuples à la justice suite à des décisions défavorables aux gouvernants.