Comme l’Afrique, ce continent dépouillé, au fil des années, Jacques-Chirac a perdu l’usage de la parole et sa mémoire est troublée par la maladie d’Alzheimer. Le musée qui porte son nom, et bien plus que, ces deux vies suscitées, célèbre ses 20ans. Au Musée du quai Branly – Jacques Chirac à Paris, l’Afrique est en branle, conservée techniquement, dans la beauté vendue. 6000 km à 6000F CFA. Une symétrie qui profite à d’autres qu’aux africains.

Cette histoire spoliée et présentée avec toute la splendeur de sa conservation tant vantée coûte modestement 6000F CFA(~10€) aux visiteurs, mais il faudra parcourir, pour les natifs de ce continent en exposition à Paris, 6000 km au moins. Pour, recoller des morceaux de leur mémoire collective et individuelle.

Citoyenne du Bénin, 23 ans, elle est contrainte à se rendre en France, pour soulager la profonde amnésie culturelle pandémique. « En venant en France, l’un de mes projets était de découvrir mon identité arrachée » confie-t-elle. Et de prendre conscience, « j’aurais dû grandir en voyant ces œuvres. J’aurais dû me construire en les contemplant ».
Cette naufragée culturelle est un prototype véritable des générations de la relève d’un continent avec plus de 40% de jeunes, connus principalement par l’immigration clandestine en Méditerranéen et des selfies sur les réseaux sociaux.

Le miroir de l’intérêt commun est brisé, éloigné des fils et filles, l’instinct primitif égocentrique se débat avec la fuite de l’individualisme et la recherche d’une nouvelle solidarité sociétale.
L’aide publique au développement n’arrive pas soulager cette perte dont une grande partie demeure prise en otage. Le débat sur les moyens pour (re)construire des Musées pour ses oeuvres est mis en avant comme si lors du pillage de ces patrimoines de l’humanité dans sa profondeur, ces créations se trouvaient dans les rues.
Restituer ces oeuvres sincèrement, c’est dédommagé la jeunesse en lui facilitant l’accès à son histoire par l’éducation civique et culturelle, et reconstruire les lieux de valorisation au niveau local, sans endetter les pays spoliés. Une telle beauté occidentale à apporter à l’humanité serait une valeur ajoutée! Cependant, grâce l’économie muséographique, plus de 60 millions de visiteurs se divertissent et se documentent dans les Musées en France, avec des patrimoines culturels et ancestraux amputés aux peuples.

En septembre prochain s’ouvre dans ce pays l’exposition « 20 ans, Les acquisitions du Musée du quai Branly – Jacques Chirac », un rendez-vous qui interroge les droits culturels, biophores de l’humanité dans sa diversité. Inauguré en 2006, ce Musée baptisé au nom de l’ex président français concentre 70 000 des 90 000 objets d’arts d’Afrique subsaharienne présents dans les musées publics français.