Après sa victoire pour l’application du multipartisme en Côte d’Ivoire et son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), Gbagbo Laurent étend les luttes pour la souveraineté, au-delà de sa personnalité historique. Au côté de « la Côte d’Ivoire dans la désolation », son parti politique le PPA-CI note : « la propension de monsieur Alassane Ouattara à accéder et se maintenir au pouvoir par la violence comme se fut déjà le cas en 2011 et 2020 » puis « aujourd’hui encore sa volonté de se maintenir au pouvoir par la violation de la Constitution et contre la volonté de la majorité des ivoiriens ». Contre la monarchie et le clanisme, « tous les ivoiriens épris de paix, de démocratie et de justice » sont appelés à « se mobiliser courageusement » pour une « Côte d’Ivoire libre », dans sa pluralité.
Peuple libre : Référence de la bonne gouvernance et pertinence du leadership
Réaffirmée dans la déclaration universelle des droits de l’homme, dès son article 1, la liberté des hommes fonde en substance celle des Peuples qu’ils constituent de facto. Gbagbo Laurent, leader politique, défend ce principe universel. « J’ai donné aux ivoiriens la liberté », souligne-t-il, à un moment où l’instrumentalisation de la justice et la violation des libertés fondamentales sont fortement dénoncées, en Côte d’Ivoire. Le retrait de deux (2) partis politiques — largement implantés sur le territoire national — du processus électoral se ressent ce jour de vote par une faible affluence, des zones de tensions et au total un sentiment de terreur social sur les visages, dans les rues bondées d’armes. « C’est un braquage électoral », proteste Gbagbo Laurent.
Plus de 700 personnes ont été arrêtées suite aux manifestations contre la candidature controversée d’Alassane Ouattara à un quatrième mandat présidentiel. Depuis 2020, le principe de la limitation des mandats présidentiels réitéré par la Constitution en cours se dévoie dans les discours et les décisions. La répression des contestations populaires avait causé plus de 80 morts et des atrocités, pendant l’élection présidentielle d’alors.
Des sources formelles, des rapports, des images virales, révèlent des scènes de crimes contre les populations pendant les tensions électorales et des aveux d’actes odieux. Hormis la capitale Abidjan, l’effroi se dissémine dans plusieurs localités sur l’étendue du territoire national dont : Daoukro, Yamoussoukro, Toumodi, Bonoua, Gagnoa, Elibou, Nahio, etc. La qualification et la prévention de ces crimes répétés, avec des motifs et dans des contextes politiques similaires, restent problématiques. Le pouvoir judicaire essuie des critiques intenses sur son rôle majeur et sa grandeur à assumer. Toutefois, ces spirales de violences pendant des joutes électorales consécutives peuvent enfanter des crimes contre l’humanité. Autant situer les responsabilités, pour éviter que ces violences se répandent et déclenchent un cycle de vengeance.
Allier investissements, utilité et désirabilité, pour assurer la durabilité
Contraste et coïncidence, à l’échelle internationale, le Népal traverse une crise sociale avec un soulèvement de la Génération Z. Ce pays précité a connu pourtant des élections certifiées par l’ONU. Concernant la Côte d’Ivoire, la certification onusienne de l’élection de 2010 n’a pas évité une crise postélectorale faisant au moins 3000 morts (2010-2011), ni d’autres violences en 2020 et en 2025, pour des élections. L’évaluation de ces cycles électoraux, les mécanismes de prévention des crises et d’amélioration des facteurs de qualité du processus électoral se promeuvent peu. Une telle posture détériore l’appropriation des programmes et politiques de développement par les populations ainsi que les relations sociales. Le désintérêt des jeunes se constate dans les lieux de vote et des appels incessants à exercer ce droit citoyen, dont le feedback est négatif. En effet, à l’exclusion des candidats favoris, s’ajoute celle de plusieurs autres jeunes empêchés de s’inscrire en 2025 sur la liste électorale. Tout ceci décourage les populations d’une façon générale. Particulièrement les jeunes — majoritaires au plan démographique et dont l’un a été tué par balle le jour d’une manifestation contre ce 4ème mandat d’Alassane Ouattara, à Bonoua. Mais Simone Ehivet compare la Côte d’Ivoire à un animal en danger qu’il faut dépecer.
Des « opposants de complaisance », relève Tidjane Thiam, ont participé à ce vote sans avoir de représentants dans la plupart des bureaux. Le candidat Jean Louis Billon en l’occurrence en a donné la garantie en insistant pour sa participation malgré les contestations sur l’équité du scrutin, en vue d’une alternance démocratique pacifique. Que nenni ! Une reculade démocratique obscurcit l’horizon en Côte d’Ivoire, avec la pratique du verrouillage électoral et social.
Dix ans en arrière comme aujourd’hui, Gbagbo Laurent revendique sa désirabilité par le Peuple de Côte d’Ivoire. Ce leader déplore une obstruction à l’exercice de ses droits civils et politiques. Alors que, ce pays avait déjà souffert du problème d’exclusion des opposants favoris à l’élection présidentielle. Selon les enjeux, bis repetita ! Mamadou Koulibaly, Affi N’Guessan, Vincent Toh Bi, Assalé Tiémoko, Tidjane Thiam, au fil des cycles électoraux consécutifs, ont été tous exclus sous l’accession au pouvoir d’Alassane Ouattara, pourfendeur de l’exclusion.
« Ceux qui peuvent gagner l’élection présidentielle du 25 octobre ont été écartés », proteste Gbagbo Laurent, lors de sa récente interview avec Alain Foka. Tout en fustigeant l’exclusion du candidat du PDCI, Tidjane Thiam, à ce scrutin présidentiel tenu manu militari dans un climat de vives tensions. Les missions préélectorales des institutions internationales en Côte d’Ivoire n’ont pas permis le respect du droit de vote en appliquant l’obligation d’une révision de la liste électorale en 2025 déjà budgétisée ― comme cela s’est fait à chaque année électorale précédente ― pour mieux tenir compte des mutations dans le corps électoral, dont les déplacements des familles pour diverses raisons. Au surplus, les principaux adversaires favoris n’ont trouvé aucunes oreilles attentives à leur requête. La confiance s’effrite, les colères s’intensifient. Les sièges de plusieurs Commissions électorales locales(CEL) sont saccagés. A Yamoussoukro la CEL est incendiée. L’exécutif décide d’un couvre feu dans la ville qui abrite la plus grande basilique du monde. Six(6) morts dont deux(2) dans la ville de la paix, avant le vote.
« De façon générale, le candidat du RHDP était représenté dans une proportion de 82,7% », rapporte le Conseil National des Droits de l’homme (CNDH CI). Tandis que, les quatre(4) autres candidats ont moins de 20% de représentation au sein des lieux de vote. « Des observateurs accrédités, dont ceux du CNDH ont été refoulés par des présidents de bureau de vote en dépit du mode opératoire », une caporalisation du scrutin déplorée par le Conseil National des Droits de l’homme contraint à observer seulement 3,2% des dépouillements
Cette parodie d’élection affecte davantage la crédibilité de la CEDEAO, de la Francophonie, de l’UA et du Système des Nations Unies particulièrement. Surtout que l’hôtel Sebroko ― camp d’antan des casques bleus à Abidjan en Côte d’Ivoire ― est perçu comme un lieu de violents interrogatoires extrajudiciaires. « Il y a eu des amis, des camarades, des jeunes qui ont été arrêtés et amenés à l’hôtel Sebroko », relate Gbagbo Laurent, avec stupéfaction. Selon ce leader politique, « au moins trois fois », des témoignages concordants mentionnent la présence d’un caucasien chargé des interrogatoires. D’où sort-il « ce blanc barbu », régulièrement cité ? Ces pratiques obscures rappellent celles de Jacques Foccart à l’époque postcoloniale avec des « barbouzes ». « C’est un coup d’Etat civil », prévient cet ancien Chef d’Etat, confronté à une période de guerre civile (2002-2011). Avant l’avènement de l’autocratie actuelle.
« Après une période marquée par des tensions politiques au moment de l’élection présidentielle d’octobre 2020, un dialogue politique a été amorcé, la Commission électorale a été réorganisée et les élections législatives plus inclusives ont été organisées en mars 2021 dans un climat plus apaisé », souligne plus tard l’ONUCI dans son rapport, de façon laconique. En 2025, l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) surclasse. « Le scrutin s’est globalement déroulé dans un climat apaisé, calme et conformément aux textes et règlements en vigueur en Côte d’Ivoire ». Plus loin dans sa note d’observation succincte, « l’OIF salue le comportement exemplaire des candidats à l’élection présidentielle. »
Evitements, concessions à profusion, approches superficielles et temporaires, dans cette apparence d’un pays en paix, les piliers de la cohésion et les acquis démocratiques s’écroulent progressivement, avec en trame de fond la promesse éphémère du développement à une jeunesse sans repère éthique et en proie aux violences.