Un jour une mélancolique nouvelle a envahi la ville de Danané, à l’ouest de la Côte d’Ivoire, quelques années après le multipartisme. D’une violence extrême, des hommes se retrouvaient criblés de balles. La tête, le foie, les membres inférieurs, de ces présumés braqueurs regorgeaient de plomb. Leurs corps, exposés au sol, non loin de la morgue et de la prison civile, suscitaient les regards de toute la ville. Surtout que, le » quartier commerce » qui abrite le marché central, se trouve non loin de la morgue. Mais que s’est-il passé ? Qu’ont-ils fait ? Autant de questions foisonnaient dans les va-et-vient massifs, avec une vive curiosité, muée en multiples fake news. Cette ville aujourd’hui détruite par la guerre de 2002 en Côte d’Ivoire, rappelle la vanité et la précarité miroitées dans l’impolitique.
Pour revenir à notre histoire, d’évidence ces hommes étaient des braqueurs. Des indices le démontraient et le traitement de leurs dépouilles s’apparente à l’accoutumé châtiment des voleurs et des braqueurs. Lorsque la police met fin à leurs attaques injustes, il en était ainsi. Afin que cela serve d’exemple dissuasif marmonnait, la communauté locale.
Leurs gri-gri et amulettes, n’avaient pas pu sauver ces jeunes d’une trentaine d’années, en moyenne. Ils portaient de belles chaussures, à l’époque une marque prisée, la Sebago.
Toute la jeunesse estudiantine en Côte d’Ivoire a adoré cette chaussure. Elle fît rêver durant plusieurs décennies les jeunesses post-multipartisme. Tous les leaders d’associations estudiantines et de jeunesses, chaussaient des Sebago, de différentes couleurs.
Combien d’entre eux seront traités comme ces braqueurs de nos enfances au fil des années ? Sans appel survient la réponse : ils vont être nombreux à subir ce qui ressemble à « la malédiction de la cruauté et du vol ».
Durant toutes les décennies écoulées après le multipartisme, le sang a coulé sans cesse en Côte d’Ivoire, au lieu de la bienveillance politique et l’enrichissement des intelligences. Des corps humiliés, il y en a tellement qu’on ne peut finir de les dénombrer en une nuit. Au risque de mourir de cauchemars.
Entre 1990 et 1993, la tension monte avec des velléités véhémentes. Dès le décès de Félix Houphouët-Boigny, jusqu’en 2000, le fair-play s’oublie au sein de la classe politique. Entre 2000 et 2021, c’est le sauve-qui-peut avec ses corollaires sur la santé et la hausse des décès lors des violences.
Après le décès de deux 1er ministres et de plusieurs militaires, un troisième chef du gouvernement à peine rentré en fonction est mort, ce 10 mars 2021. Réputé bon-vivant, Hamed Bakayoko ne pourra jamais célébrer sa 56ème année.
Quelques jours avant son décès, une foultitude de messages de soutiens pouvaient se lire sur les réseaux sociaux. Par ailleurs, la dénonciation des violences imposées à Pulchérie Gbalet et aux opposants a retenti à l’occasion de la célébration internationale des droits de la femme ce 8 mars, jour anniversaire du récent défunt premier ministre.
Quelques soient les défauts d’un enfant, quand une famille en perd ne serait-ce qu’un, elle en souffre. Yako à la Côte d’Ivoire ! Dépêche-toi de redevenir une famille dans ta diversité, afin de voir tes enfants grandir et transmettre le meilleur d’eux. Le pays que nous voulons, nous le construisons. Dans la diversité, se respecter et s’écouter, c’est vital pour tous. Ne pas humilier ! Ne pas s’entretuer. Se réaliser au rythme de valeurs harmonieuses et non dépouiller.
Paix dans les cœurs et meilleure intelligence sur nos terres, avec des citoyens qui préfèrent marcher nu-pieds connectés à la bienveillance de la terre, au lieu d’avoir des chaussures Sebago ou Louboutin épineuses. Entre la mort et la prison.