La Commission électorale a beau mettre en garde sur le pouvoir exclusif qu’elle détient pour la proclamation provisoire, les doutes sur l’institution conduisent aux troubles. Au lendemain d’une élection présidentielle au forceps, l’opposition face à Alpha Condé annonce sa victoire.
« Mes chers compatriotes,
Malgré les graves anomalies qui ont entaché le bon déroulement du scrutin du 18 octobre et au vu des résultats sortis des urnes, je sors victorieux de cette élection dès le premier tour », anticipe Cellou Diallo, adversaire de Alpha Condé. Des liesses s’en suivent dans les rues de plusieurs villes et pour le parti du président sortant, il s’agit d’une « provocation ».
Les 72heures d’attentes pour une proclamation formelle des résultats provisoires de l’élection présidentielle comme l’exige la règle en vigueur en Guinée présentent des risques de graves violences communautaires. L’une des causes de cette cacophonie post-électorale et pré-électorale demeure l’insécurité institutionnelle.
Les Commissions électorales et Conseils constitutionnelles ne rassurent pas les populations. Les processus électoraux en Afrique de l’ouest sont rythmés de méthodes et délibérations contestées.
Cellou Diallo prépare déjà ses partisans « à rester vigilants et mobilisés pour défendre cette victoire de la démocratie. »
Chez le voisin la Côte d’Ivoire, la précarité institutionnelle se pose autant comme un vice partagé. A dix jours d’une élection douteuse, Abidjan et plusieurs villes de l’intérieur se réveillent la peur au ventre. Le transport et les commerces sont perturbés suite à plusieurs soulèvements.
La CEDEAO poursuit une série d’initiatives diplomatiques tardives à titre préventif en Côte d’Ivoire après l’échec à faire barrage à la candidature pour un troisième mandat d’Alpha Condé. L’ivoirien Jean Claude Brou, lors de son mandat à la présidence de la Commission de la CEDEAO, se trouve au pied du mur de la construction d’une sécurité institutionnelle au sein de la communauté. Alassane Ouattara, face à la CEDEAO et à la quête de stabilité en Afrique de l’ouest, insiste pour candidater et dit vouloir aller à des élections apaisées.