Les yakos se multiplient sur le site macabre avec une pluie d’argent à Anyama après un éboulement. 733 personnes sinistrées, 17 morts et 19 blessés se dénombrent. Plusieurs visites de personnalités se succèdent, la représentante de la première dame effectue aussi le déplacement pour témoigner ses condoléances et sa compassion avec plusieurs dons. Ces élans de solidarité consolent à peine toutes ces familles traitées  simultanément d’inciviques sans aucune enquête ouverte sur les causes de profondes de cette catastrophe.

Yako, c’est le lemme local en Côte d’Ivoire emprunté à la langue Akan et adopté par la belle diversité culturelle de ce pays cosmopolite d’Afrique de l’ouest. En partance pour la route de l’est, la commune d’Anyama s’illustre dans des vallons avec plusieurs habitations semblables à un célèbre bidonville démoli, Gobelet, dans la commune de Cocody. Voici qu’un drame vient de se produire. Une vingtaine d’habitations emportées par l’eau et couvertes de boues endeuillent huit familles. « En trois minutes l’eau a annihilé des vies », déplore le Préfet du département d’Abidjan, Vincent Toh Bi, après de multiples sensibilisations.

La première Dame Dominique Ouattara offre 32 millions pour dire Yako aux familles. Ce don n’est pas semblable à l’empressement d’un médecin véreux après le décès de ses patients. Ces familles entassées dans des lieux de cultes ont besoin de cet argent solidaire pour parer aux nécessités et amorcer un relèvement. Seulement, la solidarité funéraire et ses yakos hypocrites font l’objet d’autocritiques culturelles massives au niveau local. Plusieurs artistes l’ont déploré à travers des chansons.

En trois minutes ces familles et la nation regardent des citoyens mourir indécemment, il faut le reconnaître. En effet, les maisons dans les quartiers à risques ne se construisent pas en trois jours. Ils n’ont pas 32 millions là-bas ! Avec aisance, les agents de collecte des mairies parcourent tous les recoins d’Abidjan pour encaisser les taxes. Quand l’Etat a voulu mettre fin à l’incivisme à Cocody et empêcher des morts évitables, Gobelet a été détruit comme plusieurs autres quartiers précaires.

L’inconséquence des pouvoirs publics s’assimile dans les expressions locales à la sorcellerie en famille. Des membres d’une même famille qui n’ont pas pu lever des fonds pour la santé d’un proche et parviennent à mobiliser le triple lorsque la mort survient. La liste des zones à risques est connue, la problématique des logements sociaux reste pendante également en Côte d’Ivoire. Dans les deux cas de figure, l’Etat peut donner l’exemple en garantissant les droits fondamentaux, en prenant des sanctions contre ses employés corrompus pour impulser du civisme.