Pour cette famille, l’heure de l’appel du muezzin reste gravée comme une épouvante. Cette nuit de juin à l’amorce du prochain mois, l’été a semblé comme un hivers dès 4h du matin ce dimanche là. Les prières se multiplient pour que le ciel prenne pitié et garde papa en vie. Celui qui grâce au peu qu’il gagne, permet les scolarisations et l’alimentation, à minima.
Ce père de famille, chauffeur de taxi, vient d’être victime d’un grave accident de circulation. Un tonneau, après avoir été percuté par un autre véhicule. Transporté au CHU d’Abidjan-Treichville, alors que sa fille est en préparation du Brevet de technicien supérieur(BTS). Déboussolée. « C’est mon seul soutien » crie-t-elle, le moral à zéro.
Frère, neveux, parents lointains sont alertés dans ces circonstances. Ceux-ci doivent arrêter leur programme dans leurs chaines de productivité respectives afin de soutenir les victimes. Une large majorité des populations travaillent pour vivre au jour le jour et l’administration est réputée pour sa lourdeur. Les moyens sont restreints, il faut mobiliser le maximum de parents et proches car l’hôpital coûte cher. La couverture universelle pour assurer la santé aux citoyens promet démarrer en masse au cours de ce deuxième semestre de l’année 2019. L’insécurité routière et son cortège de conséquences sur les citoyens et les familles inquiètent.
« C’est beaucoup de chance », confie un proche de retour de l’hôpital.« Les tonneaux c’est très dangereux. J’ai pensé au pire quand j’ai reçu l’appel » lance cet autre transporteur. Il a suspendu tout pour être présent, avec le peu d’argent. L’accidenté ressort la jambe dans un plâtre, une blessure au bras. Invalide pour un long moment et sans couverture sociale.
Durant le seul mois de juin 2019, chaque semaine avait son lot de larmes et de désolations. Au moins 23 accidents sont dénombrés en 30 jours. A chaque jour son accident peut-on s’exclamer! Sorties de route, calcination de véhicules, collisions, pneus éclatés, les circonstances varient. Les victimes atteignent la centaine. Pour ces cas d’accidents répertoriés, l’on dénombre au moins 122 victimes dont quatorze (14) morts.
L’autoroute du Nord, voie internationale vers les pays limitrophes tels le Burkina Faso, le Mali où le Libéria, concentre l’essentiel des drames. Sur ces 23 accidents, dix(10) sont survenus sur cette voie. 88 victimes sont enregistrées, soit plus de 72 % des cas. Neuf (9) morts s’en suivent. La mobilité terrestre à l’intérieur de la mégapole Abidjan, tout comme vers les villes périphériques, sur des distances plus ou moins courtes affecte et détruit les vies.
À l’entame du mois de juillet qui marque le début des vacances, ces chiffres peuvent constituer une alarme pour réveiller les acteurs des transports en somnolence au volant. C’est une forte période de mobilité entre l’intérieur du pays et Abidjan. 93% des accidents de la circulation surviennent par la faute de l’homme, insiste l’Office de la circulation routière (OSER). Toutefois, les défections de véhicules dues au manque de contrôle sont persistantes. Les gares, points de départ de voyages, baignent dans un désordre tonitruant. La certification qualité des pneus et la filière mécanique ont le même regard. La formation des acteurs du milieux piétinent alors qu’il y’a urgence.« Il nous transporte comme des animaux » grogne un usager !
Au court du premier trimestre 2019, 3443 accidents dans la circulation terrestre sont signalés par le GSPM, avec plus 6000 mille victimes dont 156 décès. Les conséquences sur les familles sont catastrophiques.