Les pays africains titubent sur la création d’une monnaie unique, ne serait-ce que régionale. Certaines devises arrimées au système « colonial » sont critiquées depuis des années au prétexte d’un asservissement des économies locales. Pour autant, pas de diligence observée dans les politiques gouvernementales. Elles soutiennent quand à elles que c’est « un faux débat » disait le Président de la République de Côte d’Ivoire et Économiste international, Alassane Ouattara. Les populations donnent de la voix pourtant. La monétique et la digitalisation des communications modifient les échanges. Percevant le besoin d’une monnaie unique transnationale, Facebook veut donner une réponse. Le géant américain du numérique annonce le lancement de sa monnaie courant 2020. Une monnaie souveraine dont le coeur de cible concerne principalement les ressortissants de pays en voie de développement. L’artiste et homme d’affaires Akon visait pareil.
Si la CEDEAO se réjouit de l’unanimité sur la dénomination de sa future monnaie « Eco », les échos de la « Libra » de Facebook sont plus concrets. Cette cryptomonnaie vise prioritairement des personnes sans compte bancaire, explique l’entreprise. Ces « exclus du système bancaire » sont pas moins de 1,7 milliards dans le monde. En Afrique, le taux de bancarisation et d’accès aux services financiers est encore faible. Herculéen de gravir les 20%. Une niche que compte exploiter l’entreprise. Facebook indique dans son annonce vouloir toucher les pays émergents. Ainsi, la cryptomonnaie de facebook veut aller au-delà des 2,4 milliards d’utilisateurs que compte l’application sur le globe. Selon les dirigeants, Libra sera accessible à toute personne qui ouvre un porte-monnaie électronique quand bien même il n’a pas de compte Facebook. Quelque soit la position de l’individu, il pourra effectuer des achats ou transférer de l’argent en un clic à un autre utilisateur sans avoir recours à une quelconque institution financière. Haro aux barrières de devises pour les transaction via Libra.
Le marché des smartphones est en plein essor sur le continent et le nombre d’utilisateurs d’Internet ne cesse d’augmenter. Facebook est par ailleurs l’une des applications les plus utilisées en Afrique où le e-commerce fait de nombreuses émules.
Si au Sud, le contexte semble favorable à la pénétration de cette monnaie et à sa vulgarisation, ce n’est vraisemblablement pas le cas au Nord. En Europe comme aux États-Unis, les gouvernants s’inquiètent d’une monnaie qui pourrait concurrencer celles des États. Des réactions tout azimut fusent avec leur corolaire de réserves. Dans le pays d’origine de Facebook – USA- la Chambre des représentants veut suspendre le processus de lancement de Libra afin de mieux cerner le projet. Un moratoire que l’entreprise n’est pas prête à observer, décidée à respecter son calendrier. En France, l’idée d’une monnaie souveraine lancée par une entreprise privée ne passe pas. « Une société privée ne peut pas et ne doit pas créer une monnaie souveraine qui pourrait être en concurrence avec les monnaies des États », lance tout net le ministre Français de l’économie. Bruno Lemaire se prononce en faveur de la fixation d’une limite à cette monnaie pour la cantonner au rôle unique « d’instrument de transactions ». En Angleterre, les régulateurs veulent également soumettre la monnaie de Facebook à des normes strictes. À l’image d’un post facebook, les réactions n’ont pas fini de se faire entendre. A chacun son commentaire. Mais pour l’auteur du nouveau satut qui fait jaser, Marc se dit disposé à répondre aux questions des décideurs politiques. Toutefois, le processus pour l’entrée en vigueur de Libra ne s’arrête pas. Libres finances !
A l’échelle locale en Afrique, les tontines existent de façons informelles. Des applications adaptées à une puissante transformation économique grâce au numérique sont à encourager certainement. Selon l’Economiste de terrain Dr Samuel Mathey, « les cartes vont changer de main ». Convaincu des potentialités des entrepreneurs locaux qui peuvent devenir « une armée d’entrepreneurs de classe mondiale ».