Sur un total de 230 000 dons nécessaires pour assurer son autosuffisance en produits sanguins, le compteur affiche 160 000 dons de sang durant l’année 2018 en Côte d’Ivoire. Un déficit de 70 000 dons, révèle le ministre ivoirien de la santé. Pourtant, 1% de la population globale du pays peut venir à bout de ce déficit. Dans un environnement où les accidents de la route et la mortalité maternelle sont fréquents.

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette situation trouve son origine dans le niveau de vie des populations locales. « Le niveau de collecte de sang dans les centres de transfusion varie selon le niveau de revenu », affirme l’organisation onusienne. Pour preuve, sur les 112,5 millions de dons collectés chaque année dans le monde, près de la moitié le sont dans les pays à revenu élevé. Et pourtant, ces pays ne regorgent seulement 19% de la population mondiale.

La Côte d’Ivoire affiche un taux de pauvreté de plus de 40% au niveau national. Faut-il y voire des éléments de compréhension de cette boutade lancée par un étudiant à l’arrêt de bus non loin du Centre de transfusion du CHU de Cocody: « Il faut bien manger pour donner son sang ».
À côté, les considérations socioculturelles sont présentes, appuyées par des pratiques qui se répandent fortement en milieu urbain. Le sang est un ingrédient qui entre en ligne de compte lors de rituels. Rempart pour accéder aux droits économiques ou pour atteindre certaines ambitions. Citoyens lambda, hommes religieux, politiciens sont au banc des accusés dans les sacrifices humains à la recherche de sang. En mai dernier, le corps sans tête d’un jeune homme est retrouvé à Marcory. Son pasteur est soupçonné de lui avoir tranché la tête, comme l’a été celle de Jean Baptiste, dans le récit biblique. La montée des rapts d’enfants à l’approche des joutes électorales est une réalité bien commune à plusieurs pays en Afrique.

Finalement, les centres de transfusion sont concurrencés par des sanguinaires. Ceux-ci, contribuent à entretenir un climat d’insécurité globale chez les potentiels donateurs.
Sous le poids de la corruption, les poches de sang alimentent un business clandestin dans plusieurs centres de santé. Une suspicion en redondance. Au CHU de Cocody, un personnel confie avoir été sollicité.