Charité mal orientée! Les critiques fusent à l’endroit du président Sénégalais Macky Sall. Le mouton, c’est l’animal au centre de la polémique.

À quelques jours de la fête de la Tabaski célébrée ce 11 août, Macky Sall offre un mouton à l’ambassadeur des États-Unis au Sénégal, rapporte la presse locale. L’ambassadeur accepte le présent. Cependant, il le (re)donne à la famille d’un agent de l’ambassade décédé.
Le geste du diplomate est massivement relayé sur la toile. Perçu par plusieurs internautes africains comme une leçon au pouvoir de Dakar et au-delà.
Pour l’une des critiques, le geste du président est à regarder comme l’action d’un individu qui « recueille l’eau du robinet pour la déverser dans la mer ». Et, à un autre concitoyen de renchérir : « il sert à rien de montrer qu’on n’est bienfaiteur en cherchant qui aider avec des jumelles alors qu’on n’est en réalité entouré par des pauvres ». Le taux de pauvreté dépasse 40 % dans le pays sous fond de croissance économique soutenue au dessus des 6%, depuis près d’une demi-décennie. Le développement humain à la terenga est l’un des plus bas du monde, indique par ailleurs la Banque mondiale à Macky Sall.

Pour certains, l’invitation de l’ambassadeur à partager un repas en famille aurait été un vecteur idéal des valeurs enseignées par la fête de la Tabaski: le partage, la convivialité et la charité. Avec l’avantage de faire (re)découvrir les succulents mets locaux, mais le président a voulu encore une fois voler plus haut que le ciel.

Au Sénégal comme en Côte d’Ivoire, la star c’est le mouton en cette fête de Tabaski. Les photos de béliers vivants ou décapités envahissent la toile. Le sang ruisselle. L’ambiance conviviale, le partage en famille et entre amis sont moins relayés. La pauvreté talonne pourtant le continent. Et, acheter un mouton en ces temps s’apparente à un exploit d’Abidjan à Dakar. Le lendemain de la fête, la faim tue les enfants d’Afrique sans diplomatie.