Éprouvé par la pandémie mondiale du Covid-19, l’Etat de Côte d’Ivoire franchit en moins d’un mois la barre de deux-cent victimes. Bien plus grave, un incivisme notoire gangrène les dispositifs sanitaires et sécuritaires. A cet effet, et à quelques mois de l’élection présidentielle, le Groupe de Plaidoyer et d’Actions pour une Transparence Électorale (GPATE) propose une analyse qui corrobore avec l’aveu du ministère de la santé sur l’échec de l’auto-confinement. Mais, si l’urgence se pose d’améliorer la gestion de la crise sanitaire du Covid-19, le gouvernement poursuit des reformes électorales décriées, telles la constitution promulguée et consort.
Ci-dessous le Communiqué intégral du GPATE:
COMMUNIQUE 2 DU GPATE RELATIVE A LA GESTION DE LA PANDÉMIE DU COVID 19
Abidjan, le 1er avril 2020 – Avec la découverte du premier cas du COVID 19, en Côte d’Ivoire le 11 mars 2020, le pays vit au rythme alterné des mesures barrières que prend le gouvernement, en vue de briser la chaîne de propagation rapide de la pandémie.
Le 23 mars dernier, le président de la république, pour renforcer le dispositif de prévention mis en place par le Conseil National de Sécurité, avait pris 8 mesures additionnelles dont la mise en place d’un fond spécial pour accroître les capacités sanitaires de notre pays, une mesure d’isolement du grand Abidjan des villes de l’intérieur (mesure entrée en vigueur le dimanche 29 mars, après 2 reports ), et surtout l’instauration d’un état d’urgence ainsi qu’un couvre-feu de 21h à 5 h du matin.
Par la même occasion, des initiatives d’acteurs politiques et privés se sont multipliées distribuant vivre et non vivre à forte coloration politicienne pour venir en aide aux populations déjà fragilisées par la pandémie.
Dans cette dynamique, le mardi 31 mars 2020, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, dans une déclaration, a annoncé un plan de soutien économique, social et humanitaire de 1.700 milliards FCFA pour atténuer l’impact de la pandémie du COVID 19 sur les populations et acteurs des secteurs formels et informels.
Parallèlement, le GPATE observe que l’exécution du couvre-feu décrété dans le cadre de l’Etat d’urgence, donne lieu à de graves dérives dans les actes perpétrés par des forces de l’ordre sur des populations civiles.
Il s’agit des atteintes à l’intégrité physiques, des bastonnades, des citoyens tournés en dérision et humiliés. Ces actes auraient été filmés par des agents en service et partagés sur les réseaux sociaux.
Ces bavures ont créé une onde d’indignation et jeter un discrédit sur les nobles missions républicaines des forces de l’ordre en rendant illisible leur apport dans la lutte contre la propagation de la pandémie dans le pays.
Notre analyse
Le GPATE se félicite de la prise de conscience progressive des populations face à la gravité du COVID 19 ;
Se réjouit du plan de soutien économique, social et humanitaire de 1.700 milliards FCFA du gouvernement annoncé par le premier ministre ;
Mais condamne énergiquement les atteintes à l’intégrité physique et à la dignité d’honnêtes citoyens surpris par le couvre-feu. S’il est vrai que les forces de l’ordre sont sous pression face à cette situation inédite, il est tout aussi vrai que la dignité humaine doit être respectée en toutes circonstances.
Le GPATE appelle donc les autorités militaires et policières à veiller à la non répétition de ces actes qui n’honorent pas nos forces de l’ordre.
Au demeurant, le GPATE fait observer que, suite à l’échec du confinement de l’INJS, remplacé par l’auto confinement, et l’exécution tardive de la mesure d’isolement du grand Abidjan qui a laissé le temps aux populations Abidjanaises de se ruer vers l’intérieur du pays, la Côte d’Ivoire est entrée dans la phase critique de la propagation du COVID 19 avec une accélération de la contamination sur toute l’étendue du territoire.
Au regard de ce qui précède, le GPATE propose ;
- Une union sacrée des forces vives, sociales et politiques face au péril qui menace la vie humaine et l’économie de notre pays. A cet égard, des actes de concertations sur la question, entre le Chef de l’Etat et les leaders de l’opposition seraient un bon signal qui participerait à la cohésion sociale ;
- La mise en place d’un comité médicale et scientifique de veille, comprenant d’éminents universitaires et chercheurs en pharmacopée traditionnelle pour envisager une réponse locale en terme de traitements ;
- La mise en place d’un comité tripartite comprenant le gouvernement, les forces sociales et politiques, en vue de garantir la transparence et l’équité dans la gestion des fonds du plan de soutien économique et social annoncé par le Premier Ministre. Une telle mesure aurait pour conséquence d’accroître la confiance et de créer l’adhésion de tous indispensable à la réussite de ce plan.
- Une communication plus transparente sur le parcours des personnes testées positives au COVID 19 afin d’évaluer l’efficacité des mesures de fermeture de frontière ;
- Un état général de nos capacités sanitaires en termes de structures d’accueil, de ressources humaines, de matériels appropriés afin de pouvoir à leur renforcement ;
- Une mesure incitative pour le personnel médical, paramédical et les forces de l’ordre en première ligne ;
- En plus du plan d’accompagnement des entreprises formelles, mettre en place un filet social spécial pour accompagner les travailleurs du secteur informel dont l’activité se trouve impactée ;
- Un désengorgement des prisons et lieux de détention avec des mesures alternatives à la détention ;
- Le gel de l’ensemble des opérations électorales et les réformes en cours en attendant la maîtrise de la situation sanitaire.
Au total, tout en appelant les populations au respect strict des mesures édictées par le gouvernement, le GPATE considère que les crises dans l’histoire des nations sont une opportunité pour révéler leur génie créateur.
Pour le GPATE, le Président
Abraham Denis YAUROBAT