Ils sont au total 1 421 élèves du préscolaire et du primaire à avoir abandonné l’école dans le département de Sakassou, au Centre de la Côte d’Ivoire. L’inspecteur de l’enseignement préscolaire et primaire (IEP) détaille ce triste bilan sur les deux dernières années. 650 enfants n’ont pas achevé les cours au compte de l’année scolaire 2018-2019, et 771, l’année précédente.
Des situations évitables. À l’IEP de Sakassou, l’on évoque des problèmes structurels pour expliquer ces nombreux abandons. La rareté des établissements de proximité, et l’absence de cantines scolaires constituent les principaux problèmes soulevés. En effet, selon l’inspecteur, les élèves sur place sont confrontés à des difficultés d’alimentation alors que ces derniers parcourent le plus souvent de longues distances pour se rendre à l’école. Par ailleurs, plusieurs enfants scolarisés ne disposent pas d’extrait d’acte de naissance.
Sakassou affiche une situation générale dans le pays, bien que plusieurs investissements sont consentis. Le programme de cantine scolaire rencontre des difficultés dans de nombreuses localités. Plusieurs écoles en milieu rural n’en disposent pas, sinon peinent à les faire fonctionner. Le pays est confronté à un manque d’infrastructures d’accueil. Pour la seule année scolaire 2017-2018, 22 377 enfants ont été refusés à l’inscription pour cause « d’insuffisance des capacités d’accueil », indique la tutelle.
À Mayo, dans la région de Soubré, des conteneurs font office de salles de classe. Aussi, pour répondre au déficit de salles dans le pays, l’UNICEF est-elle lancée dans la construction d’une usine de recyclage de déchets plastiques en briques afin de construire des bâtiments scolaires. Alors que cette nouvelle enregistre de nombreux encouragements dans l’opinion locale et internationale, le ministère de l’éducation nationale essuie de véhémentes critiques. Cette colère des citoyens est justifiée par une affaire d’acquisition de 200 000 table-bancs auprès d’une entreprise chinoise pour le double du coût sur place. Qui ne dit rien consent ? A cet adage, la tutelle a adhéré pleinement. Il est resté bouche b, optant pour l’annonce du pèlerinage de la ministre. Le ministère public tarde à se saisir de l’affaire pour éclairer les citoyens et les partenaires au développement. Quand, 177 milliards F CFA sont distribués dans des marchés conclus de gré à gré. Ainsi, 20% des marchés publics sont non conformes aux procédures, révèle l’Autorité nationale de régulation des marchés publics(ANRMP).
Des solutions aux défis infrastructurels moins onéreuses peuvent naître localement. Certains pays comme le Rwanda, la Finlande ou le Maroc répondent aux problèmes d’infrastructures par des architectures et des matériaux locaux. Réduisant ainsi les coûts de réalisation. Au Rwanda par exemple, des bâtiments en géo-béton sont privilégiés quand en Finlande l’on mise très souvent sur des équipements constitués de canapés et de quelques sièges dans les salles de classe. La Finlande a l’un des système éducatif les plus performants au monde avec l’initiation des élèves aux métiers de l’artisanat.
Sakassou jouxte le nord et centre du pays avec une savane arborée riche en matériaux locaux de construction. Cette zone aurifère connaît de multiples violences. Le plus grand site d’orpaillage dénommé Adjamé enregistre plusieurs décès d’enfants et orpailleurs. Ce vaste marché de consommation attire des commerces tenus par des femmes et enfants marchands. Dans la nuit du 21 juillet, des rivalités entre orpailleurs clandestins ont fait quatre (4) blessés par balles dans le département. Les pertes en vies humaines sont camouflées sur ces sites aurifères mafieux.
Dans cet environnement insécure, les pistes villageoises font peur aux enfants, obligés de parcourir plusieurs kilomètres pour se rendre à l’école. Exténués, certains abandonnent ou les grossesses viennent interrompre le cursus scolaire de plusieurs jeunes filles dans le département. 40 d’entre elles ont contracté des grossesses en 2017-2018.