Cheveux, peau, alimentation, sport, maternité, le beurre de karité est de tous les usages. La Côte d’Ivoire, pays producteur de cette matière extraite de l’amende de karité, vient de voir sa production certifiée par les États-Unis. Le pays peut dorénavant exporter le beurre et les produits dérivés vers le marché international, notamment aux USA.

À Abidjan, c’est une victoire pour la ministre de la Solidarité, de la cohésion sociale et de la lutte contre la pauvreté. Mariatou Koné est la mère de la demande de cette certification lancée en 2017 alors qu’elle occupait le ministère de la femme, de la protection de l’enfant et de la solidarité. C’est aussi et surtout une joie pour les nombreuses femmes exerçant dans la filière. L’ouverture du marché international viendra en effet booster l’autonomisation économique de ces femmes, majoritairement dans le milieu rural, comme souhaité par la ministre. Le karité fait vivre 152 000 personnes dont 95% de femmes.

Une situation heureuse qui soulève un questionnement moins évident pour beaucoup. Posséder un trésor, lorgner la pacotille du voisin.
De nombreux produits à base de karité se rencontrent sur les marchés. L’engouement est actée au niveau des consommateurs. Les produits ivoiriens partent avec une bonne avance qualité sur ce marché concurrentiel. La majeure partie des marques utilise le karité raffiné contre du naturel pour la Côte d’Ivoire. Le karité made in Côte d’Ivoire et ses produits dérivés sont reconnus bio. Le différenciant ainsi du beurre raffiné qui lui utilise des produits chimiques dans son extraction. Le Karité naturel sert de base à plusieurs marques. Les vertus parlent pour lui: lutte contre l’eczéma, les rides, les vergetures, l’acné, protection contre les rayons UV du soleil et autres, favorisées par sa richesse en vitamines et acides gras, rééducation..

Nonobstant tous ces arguments, la préférence est ailleurs au pays du karité bio. Paradoxalement. La montée en puissance du phénomène du « tchatcholi » (dépigmentation) gagne de plus en plus de terrain. En Côte d’Ivoire comme dans bon nombre de pays africains producteurs de cette amande, les produits décapants sont à la mode malgré les campagnes de sensibilisation et les autres mécanismes de lutte contre le blanchiment de la peau. Au point où la législation de plusieurs pays tente de dissuader les populations.
Le teint blanchi s’érige comme modèle de beauté en Afrique. Les médias et la culture urbaine y contribuent fortement. Les effets nocifs sur la santé n’ont pas dissuadé. Le Karité valorisé par les USA se vendrait sûrement mieux en Afrique. Le complexe est réel et multiforme. Mais, la ministre auteure de ce projet porteur d’emplois, d’échanges culturels et intellectuel a elle même prise de la hauteur face aux complexes. Son teint ébène scintille de santé et de beauté.