Que serait l’Abissa sans le « Edo N’gbolé » ? Le tambour sacré transporté chaque année depuis le Ghana pour l’édition ivoirienne est le pivot de cette fête traditionnelle à la renommée internationale. Pour le battre, il faut être un initié. Le maître de l’exercice, Claude Niamkey, batteur officiel de ce tambour est décédé le dimanche pascal, six mois après une Abissa à palabre. Grand Bassam, ville symbolique, était dans la tourmente.

« Figure emblématique et mythique de la célèbre fête de l’Abissa, Grand Kouamé est décédé le dimanche 21 avril. Il laisse un grand vide au sein du peuple Nzima Kotoko et dans le cœur des Bassamois », regrette le nouveau Conseil municipal de la ville historique, Grand-Bassam.

« Yako. J’espère que sa mort n’est pas liée à l’Abissa ratée de l’année dernière », s’interroge un résident de Bassam sur la toile, suite à l’annonce de la triste nouvelle.

En effet, l’édition 2018 de l’Abissa n’a pu se tenir comme à l’accoutumée. Des querelles politiques liées aux élections municipales avaient provoqué la colère du peuple qui a boycotté l’événement. Manqué de destitué le Roi avec une ville plongée sous tension. Des femmes ont par ailleurs exécuté le redoutable « Adjanou » dans le quartier France, abritant le Palais royale et la mythique place de l’Abissa. Cette procession durant laquelle elles paradent nues est un signe de malédictions, l’invocation des pires catastrophes, dont la mort. En réponse, les organisateurs ont tenu à battre le tambour sacré, Edogbolé (Edo N’gbolé), « pour conjurer le mauvais sort ». À la manœuvre ce jour, Claude Niamkey. Mais il tonnait là pour la dernière fois le tambour sacré.