Parmi les priorités en Afrique, la sécurité alimentaire et l’accessibilité des denrées figurent en tête. Cependant, le gaspillage alimentaire, ce fléau mondial, proscrit dans l’éducation culturelle africaine, détruit une grande partie des produits agricoles. Pour différentes raisons, dont celle de la conservation des productions, les pertes en Afrique subsaharienne dépassent deux fois plus celles de l’ensemble des continents. « La Journée de l’Afrique est un moment de réflexion, mais aussi de redoublement d’efforts », souligne le Vice Président Afrique de l’IFC (Société financière internationale), Ethiopis Tafara.
La mobilisation et les synergies d’efforts pour positionner l’Afrique comme un continent souverain se multiplient. Au cœur de ce défi, se trouve la nutrition pour tous. Que l’on soit enfant, adolescent, jeune, adulte ou senior, se nourrir dans la dignité demeure un besoin essentiel pour l’éducation, le développement humain et l’épanouissement. En plus, le potentiel pour assurer cette souveraineté alimentaire en Afrique existe au plan des conditions naturelles et de la ferveur du capital humain. Sauf que, « au total en Afrique, 37 % des denrées périssables sont perdues en cours de route, bien avant leur arrivée sur la table du consommateur », alerte la Banque mondiale.
Pour réduire ces pertes alimentaires, le CERFAM (Centre d’excellence régionale contre la faim et la malnutrition) annonce que : « le 1er mini-silo en acier a été fabriqué à Guiguidou, Côte d’Ivoire, pour améliorer la conservation post-récolte du riz ». Outre, la production des matières premières nécessaires à la fabrication de ce type de matériel de conservation des produits agricoles existe largement dans les pays d’Afrique de l’ouest. « Quels systèmes de transformation agroalimentaires pour la souveraineté alimentaire en Afrique ? » s’interroge-t-on.
Convenons que cette problématique est à juste titre le thème du SARA 2025 à Abidjan. A ce propos, lors de sa visite officielle au Burkina Faso pour l’inauguration du Mausolée Thomas Sankara, le Premier ministre du Sénégal, Ousmane Sonko, rappelle l’importance pour l’Afrique de « prendre son destin en main maintenant ». Ce leader promeut de privilégier les projets pour la souveraineté alimentaire et la prospérité partagée, dont l’agriculture et l’élevage au lieu d’investir dans une série d’infrastructures « trompe l’œil », pour prétendre apporter le développement.
D’où, le lancement du Programme national de conservation post-récolte au Sénégal, en vue de réduire les pertes agricoles et améliorer la compétitivité du secteur primaire. La parole suivie d’actions conséquentes pour le développement local, dans la commune rural de Tassette, son ministre de l’Agriculture, Mabouba Diagne, a lancé la construction d’un hangar frigorifique d’une capacité de 2 000 tonnes. Ce Programme national de conservation post-récolte au Sénégal prévoit, sur l’ensemble du territoire national, la construction de 100 entrepôts agricoles et 20 chambres froides, pour une capacité de conservation globale de 250 000 tonnes.
Du côté de Burkina Faso, « la remise de matériels et d’intrants agropastoraux, d’une valeur totale de plus de 104 milliards de FCFA, vise à doter nos braves producteurs de moyens conséquents pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire », se réjouit le Capitaine Ibrahim Traoré, après une mission à Bobo Dioulasso. Cette initiative s’étend à la transformation de la ville en un véritable pôle agro-industriel, avec le réinvestissement des revenus rapportés par l’exploitation aurifère et les recettes de l’Etat.
Investir dans la sécurité alimentaire et l’accessibilité des denrées positionne l’Afrique comme un continent souverain. L’école obligatoire pour tous les enfants deviendra possible avec l’autosuffisance alimentaire. Il en est de même pour la santé et la qualité du capital humain. Utiliser les revenus d’exportation des matières premières pour construire des infrastructures rocambolesques, revient à assujettir l’Afrique à l’endettement et entretenir le cercle vicieux de la pauvreté sur ce continent.
Se payer le luxe d’avoir des voitures de centaines de millions qui circulent dans un continent à la recherche de son autosuffisance alimentaire prouve une défaillance dans la perception de la souveraineté. Car, ce que l’élite consomme et conçoit largement, fait d’elle et du peuple dans son ensemble des hommes dignes et libres ou des esclaves dans diverses conditions.
« Les changements climatiques pourraient précipiter jusqu’à 132 millions de personnes dans la pauvreté d’ici 2030 », prévient le Fonds international de développement agricole. Alors, autant s’unir et investir dans l’ensemble des facteurs directs et des leviers stratégiques pour garantir un environnement sain et stable, pour une excellente nutrition, gage de santé et de développement du capital humain.