Ce témoignage d’un membre du corps médical en République démocratique du Congo(RDC) relate des réalités douloureuses de sa vie professionnelle. Voir des êtres humains mourir, souvent à la chaîne, dans l’impuissance humaine et matérielle, constitue son vécu. Le personnel médical se retrouve sur les champs de batailles, pris à partie. Par ailleurs, en temps de paix, les structures sanitaires passent dejà pour des mouroirs. En Côte d’Ivoire, suite à plusieurs cas de dénonciations de la précarité du plateau technique, le communiqué d’une marche a été diffusé par des médecins. Le suivi psychologique des membres du corps médical et le renforcement de leurs aptitudes scientifiques et techniques engage les ministères de la santé ainsi que les partenaires sociaux. Un témoignage plein de compassion. Les encouragements des citoyens et leur proximité affective avec les membres du corps médical facilitent l’accès à la santé dans de telles conditions de stress mutuel.
La médecine, un monde compliqué. Tu fais la garde, tu reçois une patiente mourante de 27 ans (sans enfant). Tu fais de ton mieux pour remonter la patiente. Et celle-ci devient lucide puis collabore. Très heureux d’avoir fait un bon travail ; mais 20 à 30 minutes plus tard, la patiente décède. Une patiente de 27 ans.
Tu n’as pas encore fini d’annoncer à la famille de la patiente (décédée) la mauvaise nouvelle, tu reçois une autre patiente (une maman la cinquantaine d’âge). Motivé à vouloir sauver une vie après avoir échoué, tu es devant la « patiente » et tu remarques que c’est un corps qu’on t’a amené à l’hôpital. Tu annonces encore la mauvaise nouvelle à la famille qui attendait un… Miracle.
À la fin tu te demandes pourquoi j’ai fait la médecine? Pourquoi je continue à soigner les gens? S’il faut continuer à compter le nombre de décès? Tu te dis… Bah parfois je sauve aussi des vies et c’est tout ce qui te retient dans ce métier qui est devenu un… Apostolat.
Bref ! C’est un peu ça le quotidien d’un médecin congolais (parfois même impayé) et c’était ça la garde que j’ai passée d’hier à aujourd’hui [ ndlr nuit du 7 au 8 juin 2021 ]. L’une des mes pires gardes depuis que je suis médecin (perdre une personne jeune de 27 ans sans enfant).
Prenez bien soin de vous car chaque jour est une vie.
Gernier Malela